La gestion du dossier Petro-Caribe des sénateurs de la majorité présidentielle n`a pas laissé insensible l`ancien député Arnel Belizaire qui a confié ses inquiétudes au président du Sénat
Dimanche 11 février 2018 ((rezonodwes.com))– Au Président du Sénat de la République
Honorable Sénateur Joseph Lambert
Port au Prince, le 05 février 2018
Objet : lettre ouverte
Monsieur le Président,
Après de mûres réflexions et beaucoup d’hésitations, je me suis résolu à vous adresser cette lettre ouverte pour vous signifier mon inaltérable respect pour les institutions républicaines et régaliennes de mon pays et mon dégoût pour les actions déshonorantes.
En effet, les enrichissantes expériences que j’ai faites en travaillant à vos côtés durant votre présidence au Sénat pendant l’administration du Président Préval comme membre de votre cabinet , m’ont offert la possibilité d’apporter ma contribution dans la conjuration du spectre du chaos qui hantait notre chère Haïti.
Cette habilité m’a conféré, sans l’ombre d’un doute, le droit légitime de m’adresser à vous et à tous mes concitoyens pour lancer un vibrant appel à la sagesse, qui seule, a le pouvoir d’élever notre être à la dimension nécessaire qui nous permettrait de sortir le pays de l’ornière du sous-développement dans lequel il végète depuis déjà trop longtemps.
Loin de moi toute intention de vouloir jeter le discrédit sur un législateur en l’affublant de tous les mots désobligeants dans le seul dessein de porter atteinte à son honneur et à sa réputation. Ou encore moins de m’ériger en donneur de leçon.
Dans cette ambiance de déliquescence morale qui corrompt la vie Parlementaire, je tiens surtout à partager avec vous un message qui m’est venu du plus profond du cœur.
En toute modestie et en toute fraternité, laissez-moi attirer votre attention sur un danger auquel vous êtes exposé.
En sortant du chemin noble et honorable que le destin vous a tracé, et à vouloir nager dans les eaux troubles de l’incohérence et de l’inconstance, vous courez le risque de rater votre projection d’un grand Sénateur de la République. La situation étant ce qu’elle est, on ne peut que faire avec, dans l’espoir qu’un jour il y aura un changement.
Tant et aussi longtemps que les signes annonciateurs du changement ne viennent pas du plus haut lieu où siègent les pères conscrits, le parlement ne connaitra point la stabilité et les chaînes de la servitude aveugle qui polarisent et déchirent ce grand corps qu’est le pouvoir législatif, ne se briseront jamais.
Par ailleurs, les évènements regrettables qui sont survenus ces dernières semaines ne tendent qu’à déshonorer les Sénateurs et à ternir l’image de l’institution parlementaire
Les parlementaires conséquents, doivent mener la bataille contre la disparition des valeurs, contre le laxisme, contre la lutte sélective et partisane contre la corruption.
Votre complicité agissante est l’expression d’une profonde insouciance marquée par une dilution des mœurs, une perte de sens et de valeurs, pour laisser libre cours aux activités d’enrichissement illicite en dehors de toutes normes morales.
Une telle attitude aura des répercussions graves sur l’avenir de nos institutions.
L’effort de dépassement de soi est une nécessité de tous les instants. Il faut la transcendance pour casser cette dynamique d’invectives réciproques avec pour seule motivation : la défense aveugle d’intérêts personnels.
Vous devez vous ressaisir et démontrer au monde entier que vous êtes non seulement à la hauteur de la fonction que vous occupez, mais aussi que vous êtes pétris du sens des valeurs et des responsabilités.
Monsieur le Président, Je me sens d’autant plus à l’aise, à vous adresser ces mots que mes camarades de combat et moi faisions l’objet de viles calomnies et d’attaques inouïes, pendant plus d’une dizaine d’années. Vous noterez que nous n’avions jamais cédé à la tentation économique, tout comme nous ne sommes pas descendus au fond du caniveau d’où nous étions farouchement attaqués pour répondre à nos détracteurs par des actions qui ne font pas honneur à nos responsabilités en tant que parlementaires.
Monsieur le Président,
Le peuple vous a élevé, par son vote, au Sénat de la République et vos paires à la présidence de l’assemblée Nationale.
La séance du jeudi 1er février 2018 ne fait pas honneur à l’institution assez prestigieuse qu’est le Senat de la République d’Haïti que vous avez l’opportunité de présider. Aux droits qui s’y attachent s’associent, évidemment, des devoirs auxquels il n’est point permis de se soustraire, comme celui de toujours montrer de la retenue et de manifester du respect envers ses concitoyens et envers ses collègues. L’argent ou le pouvoir ne vous donne pas le droit de tenir des séances en violation des normes pour combler l’attente de vos patrons et commanditaires. Vous devez, toujours et partout, vous interdire de faire n‘importe quoi pour ne pas ternir l’image du Sénat.
Aujourd’hui tout le monde parle de « Sweet Micky » parce qu’il débite des propos à la fois injurieux, blessants et déplacés à la face du monde. Mais, le peuple, que dira-t-il de vous après votre gestion à la tête du bureau du sénat, en ayant été le berger qui a ouvert les portes aux loups, en prenant fait et cause pour les corrompus et les prévaricateurs ?
En tant qu’ancien combattant pour le respect de la loi. Aujourd’hui Président du Senat de la République, qui aurait cru que Joseph Lambert, dans le seul dessein de protéger ses intérêts personnels, serait devenu le violeur par excellence des règlements intérieurs du Senat sur lesquels il avait prêté serment d’appliquer et de faire appliquer.
Le département du Sud ‘Est prend acte de votre comportement et attend encore la réaction du pays face à cet acte de trahison fait à vos pairs et au peuple Haïtien.
Nous croyons que vous alliez travailler à redorer le blason de l’institution parlementaire que l’irresponsabilité des uns et des autres a rabaissé à un niveau jusqu’ici sans égal.
Vous auriez beaucoup plus de mérité de la patrie si vous saisissiez l’opportunité qui vous était offerte par l’histoire et le destin de servir de modèle à nos enfants et à nos jeunes comme Président du Senat.
Les séances achetées comme celles qui s’étaient tenues au Senat dans le dossier du PetroCaribe rappellent vos sorties et manœuvres coutumières pour détourner l’attention de l’opinion publique : « Eléphant dans un magasin de porcelaine », « les pipis de chat » « bœuf conduit à l’abattoir » entre autres tours de prestidigitation tirés de vos manches pour aveugler la population.
Dans tous les pays du monde, le statut de Président du Sénat s’inscrit dans l’ordre suprême de grandeur, de valeur d’honnêteté et d’Honorabilité. Dans votre cas, vos dernières prestations portent la marque de la compromission, du déshonneur et de la vulgarité. Vos actes ne manqueront pas de vous rattraper.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, avec mes respects, l’expression de mes patriotiques salutations.
Ex-Député de Delmas
Arnel BELIZAIRE
Président du Parti Défilé Force Démocratique Révolutionnaire (DFDR)