Les médias haïtiens ont récemment relayé avec enthousiasme une vidéo où la star américaine Madonna danse sur le morceau 4Kanpe de Joe Dwet File, mettant ainsi l’accent sur l’aspect viral et superficiel de la musique plutôt que sur son fond et sa richesse artistique. Cette focalisation réductrice soulève une question essentielle : qu’en est-il de la véritable valeur de cette œuvre musicale ? Et plus largement, comment abordons-nous la musique haïtienne dans l’espace médiatique ?
Madonna n’est pas un dieu. Elle n’a ni composé, ni écrit, ni même contribué artistiquement à 4Kanpe. Sa danse n’apporte rien de nouveau à l’œuvre, si ce n’est un effet de buzz temporaire. Pourtant, plusieurs médias se sont empressés de centrer leur couverture sur ce moment, comme si cela suffisait à valider la qualité d’une chanson. C’est là une erreur de jugement grave.
La musique, ce n’est pas seulement un rythme entraînant ou une chorégraphie virale. C’est un mélange de sons, de paroles et d’émotions, un message transmis au-delà des frontières et des générations. Une analyse sérieuse d’une œuvre musicale devrait s’attacher aux paroles, à leur portée, à la leçon qu’elles transmettent. 4Kanpe, au-delà de son ambiance festive, est aussi un message de résilience, d’affirmation et de dignité.
Nous devons élever le débat. Il est temps que les médias haïtiens assument leur rôle de gardiens culturels. Plutôt que de se satisfaire de validation extérieure, nous devrions être capables de reconnaître la valeur intrinsèque de nos créations et les mettre en lumière avec profondeur.
La musique haïtienne ne doit pas être réduite à un simple divertissement. Elle a le potentiel de toucher le monde, non seulement par ses sons innovants, mais aussi par ses messages puissants. C’est en combinant ces deux dimensions que nous pourrons véritablement élever le compas et les autres genres musicaux haïtiens sur la scène mondiale.
Samuel Georges
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