La diaspora haïtienne est en colère. Depuis Montréal, l’organisation IDENH (Intégration de la Diaspora Haïtienne pour l’Émergence d’une Nouvelle Haïti) a lancé un véritable cri d’alarme ce jeudi, dénonçant un avant-projet de Constitution qui, selon elle, “exclut des millions d’Haïtiens vivant à l’étranger du destin de leur propre pays”.
Le document en question a été présenté le 21 mai par Enex Jean-Charles, ex-Premier ministre, et son équipe de révision constitutionnelle. Sous couvert de “refondation”, l’IDENH estime que ce texte réintroduit une forme de discrimination d’État.
Au cœur de la controverse : la condition imposée par le projet aux citoyens souhaitant accéder à de hautes fonctions publiques. Selon plusieurs articles du texte, ces postes — allant de député à ministre, en passant par juge ou ambassadeur — seraient exclusivement réservés aux citoyens ne détenant aucune autre nationalité que la haïtienne.
« Être Haïtien d’origine, n’avoir jamais renoncé à sa nationalité et ne détenir aucune autre nationalité », peut-on lire dans l’article 73, relatif aux députés.
Une formulation qui, selon l’IDENH, revient à barrer l’accès à la vie publique à la majorité des Haïtiens vivant à l’étranger, souvent binationaux pour des raisons d’intégration ou de sécurité juridique dans leur pays de résidence.
L’organisation oppose à cette démarche un autre texte constitutionnel, élaboré en 2021 par le Conseil Consultatif Indépendant (CCI), dirigé par le professeur Louis Nau. Celui-ci reconnaît explicitement la double nationalité, prévoit une représentation de la diaspora au Parlement et autorise les binationaux à exercer des fonctions clés.
Par exemple, l’article 100 du projet Nau stipule : « Les Haïtiens vivant à l’étranger disposent de sièges à l’Assemblée nationale… », Un modèle que l’IDENH considère comme plus ouvert, moderne et réaliste, en phase avec la réalité d’un peuple éclaté à travers le monde.
La déclaration de soutien de Kathia Verdier, Ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger, au projet de Jean-Charles a également suscité l’incompréhension. Dans un communiqué daté du 21 mai, elle qualifie le texte de “tournant historique pour la diaspora”. Une prise de position que l’IDENH juge incohérente, voire “troublante”.
“Comment peut-on saluer un texte qui, dans les faits, exclut la majorité des Haïtiens de l’extérieur ?”, interroge l’organisation.
L’IDENH adresse un appel direct au Conseil Présidentiel de Transition et au Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, leur demandant de rejeter le projet Jean-Charles et de relancer le chantier constitutionnel sur des bases inclusives.
Car pour l’organisation, la reconstruction d’Haïti ne peut se faire sans la participation de tous ses enfants, où qu’ils vivent.
« La diaspora n’est pas un danger pour la souveraineté nationale. Elle est une richesse, un levier, un espoir pour la République », conclut l’IDENH.
The post NON À UNE CONSTITUTION D’EXCLUSION : L’IDENH S’INSURGE CONTRE LE NOUVEAU TEXTE CONSTITUTIONNEL appeared first on Transparansmm.