Dans son dernier rapport adressé au Conseil de sécurité, le Groupe d’experts de l’ONU dresse un sombre tableau de la gouvernance publique en Haïti, pointant notamment du doigt les flux financiers illicites au sein du secteur public et la persistance de la corruption à haut niveau.
Le rapport, rendu public cette semaine, souligne que « certains agents publics continuent de profiter de leurs fonctions pour détourner des fonds publics à des fins personnelles », affectant gravement la capacité de l’État à assurer des services essentiels tels que la santé et l’éducation pour les plus vulnérables. Selon les experts onusiens, ces pratiques de détournement, alimentées par la collusion et les pressions exercées sur certains fonctionnaires, constituent un moteur majeur des flux financiers illicites au sein des institutions étatiques.
L’un des cas les plus préoccupants évoqués dans le rapport est celui de trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT), actuellement mis en cause dans le scandale de corruption lié à la Banque nationale de crédit (BNC). Malgré leur inculpation pour abus de pouvoir, corruption et pratique de pots-de-vin, les trois hommes sont toujours en poste.
L’Unité de lutte contre la corruption, après une enquête approfondie, avait recommandé en décembre 2024 l’ouverture de poursuites pénales contre les trois conseillers. En réponse, un juge d’instruction du tribunal de première instance de Port-au-Prince avait émis un mandat de comparution à leur encontre. Toutefois, les concernés ont refusé de se présenter devant la justice.
La situation a pris une tournure juridique complexe lorsque, le 19 février 2025, la cour d’appel a statué que le tribunal de première instance n’était pas compétent pour convoquer ces individus, en raison de leur statut de membres du Conseil présidentiel. Cette décision a pour effet de bloquer temporairement les poursuites, laissant les trois conseillers en poste malgré les accusations graves qui pèsent sur eux.
Le rapport de l’ONU rappelle que ce dossier n’est pas un cas isolé. Une douzaine de dossiers similaires auraient été recensés au cours de la dernière décennie, selon les experts, ce qui démontre la profondeur du problème de corruption systémique dans plusieurs sphères de gouvernance en Haïti.
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