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Hypocrites, nous sommes nés; Hypocrites, nous vivons; Hypocrites, nous mourrons. Tourment à notre âme !

Écrit par Kerlens Tilus, Janvier 2013

(Tiré du livre « Réflexions Au-delà de la Censure)

“L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour des vertus.”(Molière)

Le Petit Robert 2013 définit l’hypocrisie comme une attitude qui consiste à déguiser son véritable caractère, à manifester des opinions, des sentiments et spécialement des vertus qu’on n’a pas. Dissimulation, duplicité, fausseté, fourberie accompagnent cette définition. Un hypocrite est une personne qui fait preuve d’hypocrisie. Quand on est Haïtien, on croit et on nous fait croire que tous les défauts du monde nous sont propres; est-ce vrai? Les États-Unis d’Amérique, pays développé par excellence, où je vis depuis février 2000 est le pays hypocrite par excellence. J’ai étudié dans l’une des meilleurs universités, j’ai travaillé dans de grandes institutions de l’État de New York, et fédérales. J’ai côtoyé la crème de la crème des intellectuels américains. Les Américains disent toujours qu’ils font la promotion de l’excellence, mais quand on regarde le marché du travail (privé, public), on a l’impression que les noirs sont tous des imbéciles. Certaines institutions de l’état fédéral même ont un glass ceiling (plafond) pour les noirs. Tu peux assurer la formation des cadres, mais tu ne peux pas avoir la promotion. Une personne avisée qui vit aux États-Unis pour seulement cinq années finit par déceler l’hypocrisie de son hôte et décide de vivre en conséquence.

En cette année 2013, nous sommes appelés à investiguer, à chercher à comprendre le dilemme Haïtien. Donc, il est important de questionner nos mœurs, nos valeurs, nos agissements, nos professionnels, nos politiciens, nos dirigeants, nos leaders religieux, nos artistes, nos modèles. Je suis convaincu qu’il y a un complot international contre Haïti depuis 1804, comme il y a toujours un complot contre l’Afrique depuis que le blanc a pu découvrir que les Africains furent très avancés à tous les niveaux. L’Égypte n’est-il pas la mère de la Civilisation Occidentale? L’Égypte n’est-il pas noir? Cheik Anta Diop nous dit Oui, et il l’a démontré dans “Nations Nègres et Cultures”. Il revient de montrer certains comportements que nous émulons, et tolérons comme hypocrites. Il revient de pointer du doigt certains hommes qui ont pignon sur rue, en Haïti, et dans la Diaspora qui sont de grands hypocrites. Nous appelons les Haïtiens en cette année 2013 à changer leur fusil d’épaule, à être moins hypocrites. Ce sera une bataille corsée, mais avec la volonté, la détermination, on peut y arriver.

Enfants, les adultes nous punissaient pour des petits mensonges et des peccadilles. Et, pourtant les adultes mentaient comme Pinocchio quand on les observait dans la vie de tous les jours. Nous sommes portés à être hypocrites dès l’enfance. Comment comprendre que des enfants sont battus pour des lapsus linguae et calami, et des professeurs n’ont pas de qualifications adéquates pour les enseigner? Comment comprendre que chez les frères, des enfants sont maltraités pour des coups de pouce et que des prêtres sont vénérés pour leur pédophilie? Ces mêmes prêtres ont souvent fois femmes, petites amies, et des enfants. Et, nombre d’entre eux sont homosexuels, ce qui est contraire à la volonté de Dieu.

Les parents conseillent toujours leurs enfants d’être disciplinés, d’émuler des valeurs telles que l’honnêteté, l’amour du travail, la tendresse, la patience, etc. Dans la vie de tous les jours, les enfants regardent, observent leurs parents qui sont malhonnêtes, oisifs, méchants, impatients, corrompus, etc. Dès l’enfance, le petit Haïtien vit dans un dilemme: ce que les adultes racontent, disent, sont loin de ce qu’ils font. Comment comprendre qu’aujourd’hui on demande aux jeunes Haïtiens, on attend qu’ils soient sérieux dans la vie?

L’hypocrisie est un vice à la mode qui est une vertu aujourd’hui en Haïti, chez les Haïtiens. Comment comprendre qu’un père de famille responsable marié puisse avoir plusieurs “Manman pitit”, des enfants d’autres lits? De très souvent, ces pères de famille sont fonctionnaires de l’État, des professionnels qui ont un maigre salaire et qui sont obligés de se mêler à des affaires louches pour prendre soin des enfants, s’ils sont vraiment responsables. Nombre de ces enfants deviennent des frustrés surtout ceux qui ont été abandonnés par leur géniteur.

Nos politiciens se présentent comme des hommes justes et droits. Si ces hommes sont vraiment justes et droits, pourquoi le peuple Haïtien souffre autant de leurs chamailleries continuelles? On les voit à la télévision, à la radio parler de démocratie, de peuple, de justice et pourtant dans les coulisses, ils vendent le peuple comme Judas a vendu Jésus. J’aimerais bien demander aux journalistes Haïtiens d’investiguer la vie de nos hommes politiques, de nos politiciens en Haïti afin de voir comment ils vivent, comment ils gagnent leur vie. On doit connaître ses dirigeants. Une rubrique de “Qui est Qui dans la politique Haïtienne” s’avère importante et nécessaire.

En Haïti, la religion est un instrument du diable pour détruire les enfants de Dieu. Les pasteurs protestants dirigent leur église comme de véritables boutiques, des “biznis”. Je n’ai nullement besoin de développer ce point, Pasteur Blaze a fait du bon boulot dans ses sermons satiriques. Les prêtres catholiques parlent de pudeur, forcent les gens à confesser, se prennent pour des petits dieux; et, pourtant ces hommes masquent leur impudeur avec une grande habileté. Ils sont menteurs, voleurs, assassins, et bluffeurs. Si on veut vraiment résoudre le problème agraire, du cadastre en Haïti, on doit immobiliser l’église catholique qui est le plus grand propriétaire terrien après l’État Haïtien. Les prêtres vodous communément appelés houngans sont hypocrites au même titre que les pasteurs et les prêtres catholiques. Quand on parle de vodou en Haïti, on voit sorcellerie. Le vodou n’est pas la sorcellerie dans la réalité. Mais, vu que la plupart des houngans en Haïti et dans la Diaspora sont des sorciers, les Haïtiens ont une certaine révulsion pour le vodou. Aujourd’hui, nos houngans présentent des billets verts en Haïti, à nos lwas. Un Haïtien doit payer en dollars u.s. pour “bat yon kat”, voire se faire traiter. Aujourd’hui, le vodou est au service des nantis d’Haïti, des étrangers qui peuvent payer nos houngans largement.

On dit que la presse est le quatrième pouvoir dans les pays dits démocratiques. En Haïti, la presse est un paria. La presse est son propre bourreau. Aux États-Unis d’Amérique, tout le monde sait que FOX NEWS est républicain, MSNBC est démocrate, CNN est plus u moins balancé. Les journalistes en Haïti parlent de leur impartialité, mais ils ont tous un agenda caché et certains affichent leur fanatisme sans décorum. En passant, j’aimerais demander aux directeurs d’opinions les plus en vue de mettre sur pied une rubrique pour dénoncer les journalistes malhonnêtes et irresponsables. Les journalistes Haïtiens doivent cesser d’être hypocrites. La presse doit donner le ton comme véritable quatrième pouvoir.

Nos hommes d’affaires en Haïti tiennent le pays en otage, ils vivent en autarcie. Ils sont anti-compétition, anti-changement, et anti-modernisme. En 2012, les observations et la réalité ont montré que nos hommes d’affaires couramment appelés bourgeois sont des affairistes, des voleurs de grand chemin, pour la plupart. Clifford Brandt, concessionnaire respecté, homme d’affaires accompli est à la tête du plus grand réseau mafieux de la Caraïbe selon Mr. Reginald Delva, Secrétaire d’État à la Sécurité Publique. Clifford Brandt a déclaré que chaque famille de la bourgeoisie a un gang de malfrats. Aujourd’hui, le premier ministre Laurent Lamothe crie à vive voix “qu’Haïti is open for business”, et il sait bien que la Diaspora Haïtienne veut investir dans son pays; mais elle est bloquée. Le gouvernement Tèt Kale, les bourgeois Brandt doivent dire clairement qu’ils sont anti-nègres, anti-Diaspora, anti-honnêteté, anticapitaliste et anti-compétition.

En 2004, j’ai assisté aux funérailles d’un cousin d’un bon ami qui a été assassiné en Haïti par un trafiquant de drogue notoire, d’après mon ami, pour une affaire de drogue et de femme. Le décédé était le mari d’une fille d’un Pasteur. Au cours du sermon, le pasteur officiant ne cessait de répéter avec assurance que le frère était dans les bras de Jésus. Je n’ai jamais été à des funérailles où l’on disait du mal où on campait un mort comme il était de son vivant. Souvent, les enfants qui ont été abandonnés par leur père justifient même son comportement. Qu’est ce qui ne va pas?

Nous, Haïtiens, sommes malades. Nous avons besoin des spécialistes en soins mentaux: psychologues, psychanalystes, psychiatres, ethnopsychiatres etc. Il faut déconstruire l’homme Haïtien pour le reconstruire. On ne peut pas penser reconstruction de l’espace, reconstruction physique sans penser à la reconstruction de l’homme Haïtien qui est anti-développement, anti-vie, et anti-propreté. Si notre plus grand handicap est notre mentalité, nous devons trouver un consensus sur des valeurs à émuler, un consensus sur la révolution culturelle qui est un passage obligé pour sortir ce pays de l’ornière du marasme. L’Haïtien est surpris de l’état abject du pays, de ses frères même en terre étrangère. Mes parents ne cessent de me dire depuis quelque temps que je dois apprendre à être hypocrite sans même le nommer. Des adultes que je respecte essaient de me faire comprendre que l’hypocrisie est une vertu. Je ne suis pas prêt à avaler cette salade. Je crois que tout individu peut transcender le moi pour changer ses vils comportements. Si nous continuons à être hypocrites dès la naissance, à vivre en hypocrites, mourir en bons hypocrites, notre âme sera tourmentée éternellement.

Kerlens Tilus     
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