Washington 25 janvier 2018 ((rezonodwes.com))-– Une nouvelle étude de la Banque mondiale, financée par l’organisation Bloomberg Philanthropies, met en lumière les gains importants que générerait la diminution des accidents de la route dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Le rapport, intitulé en anglais The High Toll of Traffic Injuries: Unacceptable and Preventable, inaugure une nouvelle méthodologie pour estimer l’impact économique de la sécurité routière en se penchant plus particulièrement sur la situation de cinq pays : Chine, Inde, Philippines, Tanzanie et Thaïlande.
Si nul n’ignore l’importance des décès et traumatismes imputables à la route, la relation entre accidents de la circulation et croissance économique demeurait jusqu’à aujourd’hui peu documenté. C’est précisément l’objet de ce nouveau travail de recherche, qui s’efforce de démontrer, chiffres à l’appui, qu’en investissant dans la sécurité routière, un pays investit aussi dans son capital humain.
Pour les pays qui n’investissent pas dans la prévention des accidents de la route, le manque à gagner s’élèverait entre 7 et 22 % du PIB par habitant sur une période de 24 ans. Une estimation qui appelle les responsables publics à prioriser la sécurité routière et à y consacrer des investissements à l’efficacité éprouvée. Le prix de l’inaction est extrêmement lourd, avec plus de 1,25 million de décès chaque année dans le monde, une productivité diminuée et des perspectives de croissance réduites.
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, la mortalité routière frappe de plein fouet les actifs les plus jeunes
La mortalité due à l’insécurité routière frappe davantage les pays à revenu faible et intermédiaire, qui concentrent 90 % du nombre total de décès imputables aux accidents de la route. La hausse des revenus dans de nombreux pays en développement a en effet conduit à une motorisation rapide, qui ne s’est pas accompagnée d’un renforcement adéquat des mesures de gestion et de réglementation en matière de sécurité routière.
La mortalité sur les routes est particulièrement élevée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire : les pays étudiés dans le rapport enregistraient en 2015 un taux de 34 décès pour 100 000 habitants, contre une moyenne de 8 p. 100 000 dans les 35 pays de l’OCDE.
En outre, ce sont les actifs (15-64 ans) et, parmi eux, en particulier, les plus jeunes, qui payent le plus lourd tribut aux accidents de la circulation en termes de mortalité et d’invalidité permanente.
La réduction des décès et traumatismes dus aux accidents de la route peut doper la croissance économique
Comme le met en évidence le rapport, les accidents de la route ont pour conséquence d’amputer les perspectives de croissance à moyen et long terme parce qu’ils privent la population active d’adultes dans la fleur de l’âge et qu’ils font baisser la productivité du fait des blessures graves occasionnées.
En exploitant des données détaillées sur les décès et les indicateurs économiques de 135 pays, l’étude parvient à estimer qu’une réduction de 10 % de la mortalité routière entraîne en moyenne une augmentation de 3,6 % du PIB réel par habitant sur une période de 24 ans.
Plus précisément, à l’horizon 2038, la réduction de moitié des décès et traumatismes dus aux accidents de la route pourrait accroître le PIB par habitant de 22 % en Thaïlande, 15 % en Chine, 14 % en Inde, et 7 % aux Philippines et en Tanzanie.
Des mesures de sécurité routière éprouvées et rentables synonymes de gains de bien-être importants
Outre ces gains de PIB, les mesures de sécurité routière ont aussi pour effet d’améliorer le bien-être de la population.
L’étude de la Banque mondiale quantifie ces gains pour les cinq pays analysés en fonction de plusieurs scénarios de réduction des risques. Les bénéfices sociaux, mesurés en dollars de 2005, varient entre 5 000 à 80 000 dollars en Tanzanie et 850 000 à 1,8 million en Thaïlande.
Pour y parvenir, le rapport préconise un certain nombre de mesures : la baisse et le contrôle des limitations de vitesse, la lutte contre l’alcool au volant, la généralisation du port de la ceinture de sécurité en recourant à des sanctions et des campagnes de sensibilisation, et l’intégration de l’enjeu de la sécurité routière à toutes les étapes de développement des infrastructures routières (planification, conception, exploitation).
Des arguments macroéconomiques de poids en faveur de la sécurité routière
« Les accidents de la route tuent plus de 1,25 million de personnes dans le monde chaque année et pèsent lourdement sur l’économie, avec des conséquences délétères sur le potentiel humain. Les investissements dans la sécurité routière sont, à terme, plus que rentabilisés, et il est à espérer que ce nouveau rapport encouragera les gouvernements à prendre des mesures qui sauveront des vies »,commente Michael Bloomberg, ancien maire de New York, entrepreneur et fondateur de l’organisation Bloomberg Philanthropies.
« Ce rapport, qui s’inspire des études sur l’impact des maladies, est la première initiative visant à estimer de manière systématique les gains économiques et sociaux potentiels de la réduction des accidents de la route dans les pays à revenu faible et intermédiaire, souligne José Luis Irigoyen, directeur principal du pôle mondial d’expertise en Transports et TIC de la Banque mondiale. Si l’on parvenait à faire diminuer l’insécurité routière, ce n’est pas seulement le secteur des transports qui en sortirait gagnant, mais l’ensemble du développement, puisque cette victoire aurait des retombées positives immédiates et de grande portée sur la santé publique, le bien-être des populations et la croissance économique. »
Depuis 12 ans, l’initiative de Bloomberg Philanthropies en faveur de la sécurité routière dans le monde a consacré 259 millions de dollars à des interventions qui ont fait la preuve de leur efficacité dans la prévention des accidents de la route dans les pays à revenu faible et intermédiaire.