Québec, QC – Loin du brouhaha médiatique qui entoure les sommets économiques, la vieille capitale du Québec a récemment accueilli un rassemblement d’une urgence différente, mais tout aussi cruciale : un sommet international sur le leadership, convoqué par les plus grandes plateformes de coaching au monde. Dans les salles feutres, ce n’était pas des indicateurs de performance qui étaient scrutés, mais l’âme même de ceux qui nous guident. Et le diagnostic, unanime, est sans appel : le monde traverse une crise de leadership profonde, dont les racines plongent dans une dislocation des valeurs fondamentales.
Le Constat : Une Crise des Valeurs, Terreau de l’Échec
D’emblée, l’intervention de Me Camille Édouard, participante à l’événement, a planté le décor en posant une question fondamentale. Elle a soulevé des préoccupations légitimes sur la « crise de leadership à travers le monde qui serait due à une crise des valeurs ». Cette affirmation, simple en apparence, résume un malaise global. Nous ne manquons pas de personnes ambitieuses, charismatiques ou techniquement compétentes aux postes de commande. Nous manquons de leaders dont l’action est irriguée par une boussole morale claire.
Cette crise des valeurs se manifeste par une défiance généralisée envers les institutions, une polarisation toxique du débat public et une tendance à privilégier le gain à court terme sur le bien-être collectif à long terme. Me Édouard a suggéré que nous avons, collectivement, glorifié l’efficacité au détriment de l’éthique, laissant ainsi un vide où la méfiance et le cynisme prospèrent. Ce n’est pas une défaillance de compétence, mais une défaillance de caractère.
Le Rempart Individuel : Le Caractère, Forteresse du Leader
Face à ce constat sombre, l’intervention saluée du coach certifié Maxwell, Jean Ernst Saint Juste, a apporté une lueur d’espoir en se concentrant sur la pierre angulaire du leadership authentique : le caractère. Pour lui, le caractère n’est pas une qualité accessoire ; c’est un « bouclier » qui permet au leader de traverser les tempêtes, les critiques et les tentations « sans fléchir ni flétrir ».
Cette métaphore du bouclier est puissante. Elle évoque la résilience, l’intégrité et la constance. Un leader sans caractère est comme un navire sans gouvernail, balloté par les flots de l’opinion et de l’opportunisme. Saint Juste a précisé que ce caractère se forge sur un socle inébranlable de valeurs, parmi lesquelles la justice et le courage sont primordiales.
· La justice assure que les décisions sont prises avec équité et dans le respect du droit, et non pour favoriser des intérêts particuliers.
· Le courage permet de prendre les décisions difficiles, impopulaires mais nécessaires, de dire la vérité même quand elle dérange, et de tenir bon face à l’adversité.
Ce bouclier de caractère n’est pas inné ; il se construit, jour après jour, par des choix conscients qui alignent les actions sur des principes supérieurs. C’est ce qui distingue un simple manager, qui gère des ressources, d’un vrai leader, qui inspire la confiance et guide vers un avenir meilleur.
Le Ciment Collectif : La Générosité, ADN de notre Humanité
Si le caractère est le bouclier du leader, quelle est la qualité qui unit une communauté et lui permet de prospérer ? La réponse est venue d’un autre expert, Pierre Côté, considéré comme le père de l’« indice de l’humanité ». M. Côté a présenté des données et des modèles convaincants démontrant que la génériosité est l’expression la plus emblématique et la plus mesurable de notre humanité partagée.
Dans un contexte de leadership, la générosité ne se limite pas à des dons philanthropiques. Elle est une posture : la générosité d’écoute, la générosité dans le partage du crédit, la générosité de l’esprit qui cherche à comprendre avant de juger, et la générosité d’action qui vise l’élévation de tous, et non l’enrichissement de quelques-uns.
Un leader généreux reconnaît qu’il ne réussit pas seul. Il crée un écosystème où les talents peuvent s’épanouir, où la collaboration est valorisée et où le succès est collectif. L’indice de l’humanité de Pierre Côté nous rappelle que les sociétés où la générosité est élevée sont aussi celles qui présentent les niveaux de bonheur, de résilience et de cohésion sociale les plus forts. En négliger cette dimension, c’est construire sur du sable.
Le Témoignage Tranchant : Le Cas d’École Haïtien
Alors que le sommet de Québec débattait de ces concepts universels, un témoignage est venu leur donner une résonance tragique et concrète. Un ancien secrétaire général de la Primature d’Haïti, s’exprimant en marge de l’événement, a dressé un parallèle saisissant. Pour lui, la « grave crise » que traverse son pays n’est que la matérialisation la plus aiguë de la triple crise identifiée par les experts : une crise de leadership, une crise de valeurs et une crise de confiance.
En Haïti, le bouclier du caractère a souvent fait défaut chez ceux qui ont exercé le pouvoir. La justice et le courage ont cédé la place à l’arbitraire et à la peur. La générosité a été étouffée par la rapacité et la recherche du profit immédiat. Le résultat est un effondrement de la confiance, non seulement envers les dirigeants, mais aussi entre les citoyens eux-mêmes.
Mais le message de l’ancien secrétaire général fut aussi un message d’espoir et de responsabilisation. Il a fermement souligné que « le remède ne peut venir que du peuple haïtien qui est le seul et l’unique titulaire de la souveraineté nationale ». Cette déclaration est un rappel puissant : la régénération du leadership ne peut être décrétée de l’extérieur. Elle doit émerger d’une prise de conscience collective et d’une exigence renouvelée des peuples envers leurs élites.

La Refondation Nécessaire
Le sommet de Québec sur le leadership a ainsi fonctionné comme une chambre d’écho des angoisses et des aspirations de notre temps. Du constat global de Me Camille Édouard à l’analyse du caractère par Jean Ernst Saint Juste, en passant par les preuves de la générosité apportées par Pierre Côté et l’avertissement poignant venu d’Haïti, un même fil rouge se dégage.
La solution à la crise du leadership n’est pas dans de nouvelles théories managériales ou des technologies plus avancées. Elle est dans un retour aux sources, un recentrage sur l’humain. Elle exige de forger des individus de caractère, capables de courage et de justice, et de cultiver des sociétés où la générosité est la valeur suprême. La tâche est immense, mais le premier pas, comme l’a démontré ce sommet, est de reconnaître que l’avenir du leadership ne se joue pas dans les tableaux de bord, mais dans le cœur et la conscience de ceux qui prétendent conduire les autres.
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