Le Développement d’Haïti est Possible
La Nouvelle Haïti est-elle à notre portée ?
Essai de Philosophie Politique
Par Raphaël Paul Gustave Magloire
Tome I
(Mise à jour, 20 janvier 2021)
J’ai choisi d’écrire ce chapitre à dessein le 12 janvier 2021, afin de commémorer le 11ieme anniversaire du tremblement de terre qui avait frappé Haïti. Ce séisme avait secoué notre nation éparpillée à travers le monde au plus profond de son existence de peuple. 300,000, plus ou moins, d’entre nous sont tombés ce jour-là victimes de ce cataclysme. Ce bilan catastrophique est le résultat de notre négligence au cours des ans et aussi de notre comportement irresponsable. Mais, chacun de nous a perdu un être cher, qui un parent, qui un ami, tous des gens irremplaçables dont le départ si brutal et rapide nous laisse un affreux souvenir avec lequel nous devons vivre le reste de nos jours. Je souhaite que ce projet honore la mémoire de ceux qui sont partis à jamais et attenue la douleur de tous ceux qui ont été marqués dans leur corps de façon indélébile. Je réfléchis à ce projet en pensant aussi à vous.
Le coté terrible de tout cela c’est que jusqu’à présent nous avons encore plusieurs dizaines de milliers de personnes, des jeunes, des vieux et des enfants, des deux sexes, des rescapés de ce désastre, qui vivent encore dans des abris provisoires dans 26 localités de la capitale, dans des conditions affreuses, derrière le dos du Bon Dieu. Ce projet est aussi pour vous. FRATERNELLEMENT, JE VOUS DEMANDE D’ESPERER.
La Nouvelle Haïti est-elle à notre portée ?
Chapitre 2 : Lançons un grand effort visant à améliorer l’aménagement du territoire.
Haïti, comme je n’ai pas cessé de le répéter, a trois grands obstacles à un effort pour son développement rapide sur une période de 20 ans: mauvaise gouvernance, instabilité politique et désastres naturels. Les trois peuvent être surmontés pourtant par le patriotisme, un plus grand sens de responsabilité, et la volonté de construire un nouveau pays où il fera bon vivre pour nous tous.
Nous devons trouver une façon pour nous entendre et nous concentrer sur l’impératif de la construction de notre pays. Nous devons le construire, pas seulement en l’honneur des preux de 1804 qui nous ont légué cette patrie, mais aussi pour nous tous qui vivons aujourd’hui dans un pays délabré et surtout pour les générations futures qui auront à constater quel genre d’hommes et de femmes nous étions, pour avoir pris cet engagement. La meilleure approche se trouve dans un juste milieu : un compromis politique historique. Il est plus que temps de nous mettre tous au travail pour construire ce coin de terre qui est le nôtre.
Construisons tous ensemble cette nouvelle Haïti !
Haïti ? Oui, HAITI !
(C’est une expression de l’architecte Uche, d’origine nigériane de l’ethnie Ibo. Il est le concepteur des projets de complexes administratifs et touristiques. Il est parmi ces milliers qui attendent avec impatience le réveil des Haïtiens pour les rejoindre.)
En effet, quand nous regardons autour de nous et que nous nous comparons avec les pays voisins, nous devons nous demander, qu’avons-nous fait de nos deux siècles d’indépendance ? Quoiqu’en pensent certains, il n’est pas trop tard. Nous devons arrêter de nous plaindre sur nous-mêmes et de rendre les autres responsables de nos déboires. Allons, mettons-nous au travail. Manquons-nous de courage et de volonté pour rattraper ceux qui nous ont devancés, et sans fausse honte, les imiter s’il le faut, et peut-être même les dépasser ? Qui sait ? Nous devons chercher à faire mieux que tout ce que nous avons réalisé jusqu’à présent, en deux siècles d’histoire. Mes amis, Haïti ne peut plus continuer à descendre dans ce gouffre de désespoir, dans cette voie qui nous entraîne vers la situation de l’État en faillite, et même pire encore…
Les conditions infrahumaines dans lesquelles croupissait la majorité de la population, même avant le séisme, étaient déjà terribles. Le déficit en termes de logements décents avoisinait environ 600,000 unités. Plus de 500,000 enfants n’allaient pas à l’école. 40 pourcent de la population active était au chômage, sans tenir compte du fait que la plus grande partie des jeunes n’avait jamais travaillé de leur vie. Une bonne partie de la population, à défaut de logis, vivait dans des taudis insalubres de la pire espèce. Depuis, rien n’a changé pour le mieux. Rien ne s’est vraiment amélioré. Nul ne doit faire semblant d’ignorer ce qui se passe à la Saline, à Cité Soleil, à Grand-Ravine, dans les couloirs de Sainte Hélène, de Mackandal, de La Fossette, de Cité Léternel, dans ce grand nombre de ce que nous osons appeler « cités ». Le pays est en fait un vaste bidonville à ciel ouvert. C’est la preuve de l’abandon d’une grande partie de la population. Comment pouvons-nous être fiers de nous accommoder d’une telle situation dévalorisante pour nous en tant qu’humain, au lieu d’en avoir honte ?
Nous devons nous donner pour tâche de transformer ces manquements en opportunités. Car, les bidonvilles peuvent devenir des chantiers de construction de villages décents. Leur transformation va créer des milliers d’emplois pour nos compatriotes que nous avons laissé végéter dans un tel environnement. Cela ne va pas se faire en un mois ni en une année. Mais, dans 5, 10, 15, 20 années nous pouvons régler cette affaire si nous commençons maintenant avec un programme de solidarité avec les plus pauvres d’entre nous. Deux siècles d’abandon, c’est vraiment trop. Car assez, c’est assez ! D’après nous, quel sens à cette phrase d’une Haïti une et indivisible. L’antipatriotisme est le fait de croire que c’est juste d’avoir une Haïti pour nous et une Haïti pour les autres. Dans un tel cas, nous n’avons pas un seul pays, et cela fait partie du problème.
L’origine de ce vaste projet
Le temps pour moi de reprendre mes esprits, après les premiers moments d’émotion intense et de choc créés par le séisme de 2010, j’avais réuni quelques amis, Haïtiens et étrangers, spécialisés dans le domaine du développement, pour répondre à la question que je me posais : Que faire après un tel désastre ? Après quelques discussions, nous nous sommes mis d’accord qu’il fallait mettre au point un plan à long terme pour reconstruire le pays en mieux, de façon à ce qu’un tel désastre ne se reproduise plus jamais. On ne voulait pas prendre en considération seulement les villes qui étaient frappées par le séisme, telles que Port-au-Prince, Léogane, Grand-Goâve, Petit-Goâve, Jacmel. Donc, nous avions envisagé alors de tenir compte du Programme de Déconcentration lancé par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivité Territoriales (MICT) durant la transition de 2004-2006. J’étais très favorable à ce choix, compte tenu que j’avais eu le privilège d’avoir été en charge de ce ministère à l’époque, et ce programme a laissé un bilan important en termes de réalisations, en moins de deux ans.
L’Unité de Déconcentration, qui se réunissait dans ma résidence, avait travaillé avec d’autres institutions du gouvernement aussi afin de déployer la gestion déconcentrée de l’Etat sur 5 régions principales :
1) La Région de Port-au-Prince
2) La Région du Grand Centre
3) La Région Transfrontalière
4) La Région du Grand Nord
5) La Région du Grand Sud
Une carte de la distribution des régions a été présentée dans le calendrier de 2006 du Ministère de l’Intérieure et des Collectivités Territoriales (MICT). Et l’Unité de Déconcentration avait publié aussi un rapport-bilan sur les résultats de son travail.
L’équipe que j’ai dirigée pendant la période qui a suivi le tremblement de terre, dans le cadre d’une compagnie, Prospective System International Inc, travaillait avec des spécialistes venant de 34 pays. On avait mis l’accent sur les équipements à construire sur le plan national et dans chaque région, à partir d’un Plan Maître, afin de lancer le développement du pays sur une période de 20 années. On peut noter les projets suivants :
Au niveau National :
o Le tracé d’une capitale planifiée pour chacune des 5 régions, avec des facilités modernes
o Un réseau d’hébergements touristiques de 90,000 chambres, incluant suites, chalets, villas, hôtels, villages et complexes touristiques distribués dans les 5 grandes régions, les 10 départements et les différentes communes, à construire au cours des 20 prochaines années
o Un circuit de restauration à construire incluant des salles de diner à grande surface avec piste de dance, des podiums pour défilés de modes, pour spectacles en soirée, des cafés, des bistrots, des bars et des restaurants spécialisés pouvant servir plus de 90,000 clients à la fois et offrant une sélection gastronomique locale et internationale
o La construction dans les 5 régions en moyenne de 20,000 unités de logement par an pour la classe moyenne et pour les jeunes sur la période de 20 ans, soit 400.000 nouveaux logements, tous équipés de lavabo, d’eau courante et d’électricité par l’énergie verte.
o Faciliter la création en moyenne chaque année de 20,000 petites et moyennes entreprises par les jeunes du pays associés aux membres dela diaspora dans les4 grands secteurs prioritaires dans les 5 grandes régions du pays.
o La construction d’une ou de deux cimenteries pour satisfaire l’accroissement de la demande locale
o Un réseau national moderne de télécommunication
o Un réseau hydraulique intégrant les lacs artificiels, la distribution d’eau potable, le traitement de l’eau usagée, l’irrigation aux gouttes à gouttes etc.
o Un système de ligne de transport national par cabotage
o Un réseau de ligne ferroviaire national avec gares dans les 10 départements
o Un réseau de production et de distribution électrique intégrant l’énergie verte
o Un système national de reforestation
o Un système moderne de transportation terrestre couvrant tout le pays
o Un système d’urgence supporté par un réseau d’ambulanciers et de transport par terre et par hélicoptères
o Un système moderne de sécurité publique couvrant tout le pays
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o Par région :
o Un centre administratif et des services commerciaux, de grands hôtels, un centre de convention ; des centres d’achats et des boutiques spécialisées, des parcs régionaux, des centres sportifs, des spas et des centres de massage spéciaux
o Un complexe touristique, artistique et sportif de niveau international par région
o Un conservatoire d’art dramatique par région
o Un centre de production cinématographique dans la sous-région du Sud-Est
o Un centre thématique sur l’histoire de la race noire dans la région du Grand-Nord
o Un complexe gouvernemental par région
o Un parc de réserve forestière par région
o Un aéroport international par région
o Une ceinture d’autoroute avec des zones d’arrêts modernes entourant chaque région, avec des routes secondaires, et des ponts sur toutes les rivières
o Un centre de recherche en science et technologie appliquée par région
o Une usine de production de préfabriqués et de matériaux de construction par région
o Un hôpital universitaire par région
o Un campus universitaire par région
o Une école de médecine par région
o Une école infirmière par région
o Un centre de recherche en agriculture locale par région
o Un centre de recherche en médecine traditionnelle par région
o Un grand parc industriel par région
o Une usine de production d’intrant agricole par région
o Une grande école en formation commerciale par région
o Un aéroport international par région
o Un port avec un terminal de grande capacité équipé pour recevoir des containeurs, par région (Sauf pour la région transfrontalière qui n’a pas d’accès à la mer)
o Une académie de police par région
o Un bureau central de protection civile et de police régionale
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o Par département :
o Un centre administratif, de grands hôtels, des centres d’achats et des boutiques spécialisées, des parcs départementaux, des centres sportifs, des spas et des centres de massage spéciaux
o Un centre d’accueil pour enfants délaissés par département
o Une grande école de métiers par département
o Une école hôtelière par département
o Une académie des beaux-arts par département
o Un conservatoire de music par département
o Un club professionnel de golf par département
o Un complexe administratif par département
o Une pépinière d’entreprises supportée par un centre-bon-départ pour nouveaux entrepreneurs par département
o Une ferme d’excellence et d’encadrement de production agricole et agro-industriel rayonnant sur 10 kilomètres par département
o Par commune :
o Un centre-ville par commune
o Un parc de réserve forestière par commune
o Un centre sportif par commune
o Un lycée pour chaque 900 familles par commune
o Un centre d’activités récréatives pour les enfants et les familles, tels que sites de jeux, zoo, aquarium par commune
o Une école de commerce par commune
o Un centre de formation en informatique par commune
o Une école moyenne en technologie agricole et industrielle par commune
o Un parc de production artisanale par commune
o Une coopérative de pêche par commune donnant sur la mer
o Une coopérative de production piscicole par commune sans accès sur la mer
o Un centre commercial intégré par commune
o Une agglomération de logements intégrés par commune
o Un centre d’animation culturelle et sociale, doté d’un musée communal et d’un centre d’accueil touristique par commune
o Un centre sportif par commune
o Un hôpital de référence par commune desservant les centres médicaux des sections communales
o Un service moderne de lutte contre l’incendie par commune
o Un service moderne de secours d’urgence et d’ambulanciers par commune
o Un bureau central des forces de police par commune
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o Par section communale :
o Un village central offrant les principaux services publics.
o Un centre médical avec lits dans chaque section communale
o Une unité de service d’urgence dans chaque section communale
o Un poste de police, dans chaque section communale, aménagé, équipé et staffé en fonction de la démographie.
Ces projets répartis sur l’ensemble du territoire peuvent être réalisés de façon efficace et efficiente, sur une période de 20 années, grâce à un système d’environ 90 programmes conçus pour répondre à la plupart des besoins de développement et de modernisation accélérée du pays. Il faut obtenir une grande synergie entre les 4 secteurs pour atteindre une économie d’échelle et l’augmentation de la productivité des entreprises fonctionnant dans le cadre du projet. Il faut compter aussi sur des effets multiplicateurs dans la production. Donc, que ce soit dans la construction, dans l’agriculture, dans l’industrie ou le tourisme, on devrait obtenir de bien meilleurs résultats, ce qui augmentera la rentabilité des projets, pris chacun séparément. (Bien entendu, en cas de problèmes imprévus, le processus inverse sera aussi vrai, malheureusement.) Ces facteurs doivent permettre à notre économie d’atteindre sa vitesse de croisière beaucoup plus rapidement avec une croissance moyenne de 10% l’an. Il faudra bien sûr toujours surveiller les zones de faiblesses, et gérer les risques.
Je n’ai pas trouvé d’études du Bureau des Statistiques ou de la BRH ni les données permettant d’estimer le nombre d’emplois que peut créer un point de pourcentage de croissance dans une économie comme la nôtre. Ce qui nous aurait mis en position de prévoir l’impact que pourrait avoir ce grand projet sur l’emploi, les couches sociales, la mobilité sociale et les bénéfices directs et indirects pour la société haïtienne. Mais, en absence de ces données, nous pouvons extrapoler à partir de certains modèles comment les différents secteurs pourraient être affectés. Mais, comme nous dirait l’économiste John Maynard Keynes, en économie il n’existe pas de certitudes.
Nous savons cependant, l’emploi qui coûte le moins cher est celui de la main d’œuvre qui n’utilise pas un outillage ou un équipement exigeant un investissement coûteux. C’est le niveau où le plus grand nombre d’emplois sera créé et le plus rapidement possible, en général dans l’agriculture, dans la construction, dans la manufacture et l’industrie de transformation et dans le tourisme. La masse de revenus que représentent ces travailleurs peut sortir un nombre considérable de familles de la misère, mais les conditions resteront fragiles sans des bénéfices sociaux fournis par l’État dans le domaine de l’éducation, de la santé et les fonds de pension, et une intensification de la mobilité sociale. En plus de l’augmentation du nombre des emplois, un autre grand bénéfice pour cette tranche de la population pourrait être la disponible et la baisse du prix des produits du secteur primaire, principalement de l’agriculture, ce qui peut augmenter le pouvoir d’achat.
Les seconds grands bénéficiaires de l’augmentation du nombre d’emploi seront les professionnels et cadres qui seront recrutés pour une carrière dans l’administration privée et publique. Ils recevront des traitements plus élevés et des bénéfices sociaux plus importants, qui leur permettront de connaitre une condition de vie de classe moyenne. Les jeunes sans diplômes ou avec un certificat dans les domaines techniques pourront trouver un emploi plus facilement. Ceux qui sont entrepreneurs et qui ont de l’expérience pourront se mettre à leur compte en créant une petite entreprise. Surtout, dans le cas ou des programmes comme celui du Bon Départ créerait un environnement dynamique, des milliers de petites et moyennes entreprises pourraient voir le jour partout dans le pays. Ce niveau de création d’emplois aurait des effets multiplicateurs et serait une source de création de richesse dans la classe moyenne. Cette couche sociale payera des taxes qui seront autant de ressources supplémentaires pour le budget de l’État qui dépend beaucoup de l’aide internationale. La masse d’épargne augmentera aussi et les banques seront en meilleure position pour accorder du crédit pour des investissements plus importants.
Les éléments dans la superstructure, seront les plus grands bénéficiaires. Les entreprises seront plus rentables. Il y aura beaucoup plus d’harmonie dans le pays et le climat de cohésion sociale et de stabilité permettront à ceux qui savent faire de l’argent de continuer à en faire et même davantage, en optimalisant leurs capitaux. Mais, dans le cas d’un État responsable, chacun devra respecter aussi ses obligations envers ses employés et payer les taxes dues à l’État. (No free lunch). Mais, il faudra faire beaucoup plus d’effort pour arriver et se maintenir à ce niveau. Car, le marché doit être libre, et sans monopole pour les uns et pour les autres. Pas besoin de dire que tout cela ne sera pas possible si rien n’est fait pour freiner la corruption dans lequel patauge le pays.
Le nombre d’emplois offert par ces activités dépassera les centaines de milliers annuellement. En effet, plus d’une centaine de milliers de jeunes, avec et sans diplôme, arrivent sur le marché du travail chaque année. Donc, le plan de relance du gouvernement qui vise à créer 50,000 emplois dans les 3 prochaines années est nettement en dessous des besoins face à cette situation de sous-emploi auquel le pays est confronté. Si c’était le cas, cela continuera à encourager les jeunes à laisser le pays pour l’étranger. La demande de travail est très forte du fait qu’aucun effort sérieux n’a jamais été lancé dans le but d’aborder le problème du grand nombre de jeunes professionnels qui n’arrivent pas à trouver un emploi pour initier une carrière et subvenir à leur besoin. Beaucoup de jeunes diplômés ont cherché sans succès, pendant longtemps, un job fantôme. Cela explique clairement pourquoi, selon la Banque Mondiale, 80% des diplômés haïtiens vivent dans la diaspora. Et cela va exiger de l’effort pour les convaincre de revenir.
Est-ce que le climat international serait favorable à de tels projets ?
Le système pourrait être financé par des investissements d’entrepreneurs du pays, par des Haïtiens de la diaspora, par des investisseurs étrangers, par des organisations de la coopération internationale et par l’État haïtien, avec l’appui d’une banque nationale de développement (BND) et d’une bourse de valeurs. La BND fournira les fonds de départ et de support, et des assurances publiques et privées couvriront les risques. Nous pensons que le flux d’investissement pourrait atteindre une moyenne d’un milliard de dollars l’an pour un total de US$ 20 milliards sur la période de 20 années. C’est une estimation très conservatrice. Il est possible de faire beaucoup mieux
L’environnement international est très favorable à une telle entreprise. La nécessité d’une relance économique mondiale après le grand désastre créé par le Covid-19 et la perte d’emploi mondiale autour de 20% est ressentie par la plupart des 37 pays membres de l’OCDE. Le nouveau gouvernement américain de Joe Biden prendra la tête du peloton, en prenant les mesures appropriées pour arrêter la pandémie et en apportant un financement massif à l’économie, tout en travaillant pour doubler le salaire minimum aux Etats-Unis. Donc, cela peut présager que nous entrons dans une longue période de croissance, comme celle des 30 glorieuses. C’est la période de développement accélérée qu’ont connue, entre 1945 et 1975, la majorité des pays industriels avec une croissance moyenne au-dessus de 5%, grâce à la technologie, le plein emploi et le Plan Marshall, après le 2ieme Guerre Mondiale. Par exemple, la France de 1938 à 1973 a connu une croissance annuelle moyenne record de 5,9 %. En effet, avec les 30 glorieuses, le monde avait connu sa plus longue période de prospérité du XXIème siècle. Le monde d’aujourd’hui est encore mieux préparé pour que cela arrive une fois encore. Donc, c’est l’occasion idéale pour un nouveau départ en Haïti. Nous devons être prêts.
En effet, au cas où le gouvernement de Joseph Biden et de Kamala Harris arrive à faire passer le programme de relance de l’économie des États-Unis et que les travailleurs obtiennent une augmentation sensible du salaire de base, les travailleurs haïtiens aux USA bénéficieront aussi de cette mesure. Cela aura un impact très positif sur la masse de leurs revenus. Et ils devraient être ainsi dans une meilleure situation pour placer une plus grande partie de leur épargne en Haïti, au cas, bien sûr, où nous arrivons à leur donner l’assurance que le fruit de leur labeur ne sera pas gaspillé, et au pire volé. En plus, le gouvernement de Joseph Biden envisage de financer la modernisation des équipements de production agricole dans les pays les plus pauvres et d’offrir un crédit en rapport à l’utilisation des énergies vertes en lieu et place des produits fossiles.
Dans le Deuxième Chapitre nous avons cité l’économiste Pierre Marie Boisson qui nous dit que les US$ 300 milliards environ que les membres de la Diaspora envoient dans le pays chaque année représentent autour de 10% de leur revenu. Dans le cas où nous commencerons à exécuter un plan de développement et de modernisation du pays, ils seront en mesure d’apporter leur contribution en investissant dans leur pays. Je ne crois pas que le pays est fait uniquement de crapules, de voyous et de voleurs. A tous les niveaux nous avons encore des gens compétents, consciencieux et crédibles qui travailleront durement pour construire une Nouvelle Haïti. En plus des Haïtiens de la Diaspora, même des étrangers se joindront aussi à nous pour se mettre à la tâche et gagner le pari. Haïti ne va pas mourir !
Le rôle des responsables étatiques, régionaux et municipaux sera très important pour la réussite de cet effort national. Ils devront maintenir tout le long de cette période une transparence dans leur gestion, surtout sur le plan financier, pour écarter même le soupçon de corruption et de négligence dans leur responsabilité. Tout le système et chaque projet devra être évalué sur des périodes établies, par des agences d’audit indépendantes et reconnues pour leur compétence et leur sérieux. Toute faute devra être sanctionnée et toutes les performances récompensées publiquement. La réussite de cet effort dépendra de nous tous et de chacun de nous.
La Nouvelle Haïti est à notre portée. Que Dieu bénisse notre cher pays !