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Vendredi 1er janvier 2020 ((rezonodwes.com))– Comme un boulet, Haïti traîne un projet de transition vers la Télévision Numérique Terrestre (TNT) depuis plus de huit (8) ans .

Le régime « Têt Kale » première version avait, par arrêté en date du 9 juillet 2013, promis cette transition pour le 17 juin 2015. On n’a rien vu comme résultat.

Dans sa seconde version, le même régime nous annonca en 2017 l’imminence d’un déploiement de l’infrastructure TNT en Haïti en trois étapes :

a. Une phase pilote au cours de laquelle une station de démonstration de la TNT serait installée et opérationnalisée à Port-au-Prince. Une phase pilote dont on attend encore les résultats et conclusions en 2021.

b. Une deuxième phase où les plateformes de diffusion de la TNT seraient installées progressivement dans les zones de couverture déterminées et les stations analogiques actuelles devront migrer vers la plateforme de diffusion désignée par le Conatel.
Une promesse du regime « PHTK » qui n’a pas été tenue même après plus de 3 ans.

c. Au cours de la dernière phase, une date limite devrait être fixée pour l’abandon définitif de la télévision analogique. Tous les ménages devraient être équipés de récepteurs numériques ou de boitiers décodeurs assurant la conversion au numérique avant l’abandon définitif de la télévision analogique.

Un engagement du régime « Têt Kalé » , tout comme le précédent, qui s’est révélé être du  » pipi de chat « .

Cependant les dernières avancéés du nouveau Président de la République dominicaine , Abinader, dans le dossier de transition vers la TNT et l’introduction de la 5G en République voisine risquent de transformer ce casse-tête que représente cette transition vers la TNT en Haiti en un problème sérieux pour la République Dominicaine.

Les autorités dominicaines se proposent, en effet, de lancer avant la fin de ce mois de janvier 2021, un appel d’offres international pour les fréquences 700 MHz et 3300-3460 MHz pour le déploiement de la 5G en République Dominicaine , suite à la publication le 7 octobre 2020 , en toute légalité, d’un décret chargeant le régulateur dominicain (Indotel) de prendre les mesures nécessaires pour assurer la disponibilité des bandes 700 Mhz (698 – 806 MHz) et 3.300 à 3.460 GHz, afin de garantir que ces fréquences pourront faire l’objet d’un appel d’offres public en 2021.

Ce même décret charge également l »Institut dominicain des télécommunications (Indotel) d’établir une feuille de route permettant la mise en œuvre de la télévision numérique terrestre avant la fin de 2022.

Ces deux décisions changent la donne, car elles risquent de rompre cette harmonisation qui existe entre Haiti et la République Dominicaine pour l’exploitation de la bande des 700 Mhz qui était , jusqu’en 2015, reservée à la Télévision terrestre. Etant donné que la transition vers la TNT, impliquant la libération de la bande des 700 Mhz en Haïti , est aujourd’hui renvoyée aux calendes grecques.

En effet , afin de réduire au minimum les interférences préjudiciables entre les systèmes de télévision analogique d’Haïti et la République Dominicaine, un accord était intervenu entre les régulateurs des deux pays.

Du coté haitien , seules les frequences correspondant au chaînes de télévision paires etaient exploitées ( 52, 54, 56, 58, ….68). Alors que du coté dominicain, il était convenu d’exploiter les fréquences correspondant aux chaînes impaires ( 53, 55, 57,….69).. Cette entente entre les deux pays consacrait pratiquement la division de la bande des 700 Mhz en deux parties égales . Et chacune des deux Républiques en exploitait une.

Cependant , au cours de la Conférence régionale des radiocommunications de 2006 (CCR-06) à Genève, l’UIT a adopté un traité (Accord GE06) modifiant le plan de fréquences pour le service de radiodiffusion de terre et, spécifiquement, réserva la bande des 700 Mhz aux communications mobiles.

Applicables à cent seize (116) administrations des régions 1 et 3 (à l’exception de la Mongolie et de la République Islamique d’Iran), ces changements s’imposent à Haiti aussi bien que la République Dominicaine qui s’étaient engagées, toutes deux , de prendre toutes les dispositions afin de mettre en oeuvre ces changement et faire en sorte que la transition vers la TNT soit effective dans les deux pays en 2015.

Cette échéance n’a pas été respectée par les deux pays .

Cependant , aujourd’hui la République Dominicaine prend des actions qui laissent prévoir que la transition vers la TNT sera effective dans ce pays avant la fin de 2022. Les dominicains ont également décidé d’utiliser la bande 700 Mhz pour la mise en place de réseau de communications mobiles de 5eme génération sur tout le territoire dominicain à partir de 2022, conformément aux recommandations de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT).

Dans la mesure où Haïti continue à ne pas respecter ses engagements internationaux ainsi que les recommandations de l’UIT et à faire de la transition vers la TNT un chantier qui ne produit que des promesses vaines , il en resultera une situation dans laquelle les systèmes de communications mobiles qui fonctionneront dans la bandes des 700 Mhz en République Dominicaine seront l’objet d’interference préjudiciables causées par des stations de Télévision émettant dans cette même bande de fréquence en Haiti.

D’ailleurs cette indétermination au niveau de transition vers la TNT en Haïti devrait fragiliser aujourd’hui même l’appel d’offres international pour les fréquences 700 MHz et 3300-3460 MHz pour le déploiement de la 5G en République Dominicaine que comptent lancer les autorités dominicaines avant la fin du premier mois de la nouvelle année.

Car, les opérateurs des communications mobiles intéressés par cet appel d’offres, c’est à dire à l’exploitation des fréquences 700 Mhz, doivent être très préocupés par la gestion calamiteuse de la transition vers la TNT en Haïti et ses éventuelles conséquences sur les systèmes de communication 5G à mettre en place et exploiter en pays voisin .

Ces entreprises sont même en droit de se demander comment les responsables dominicains peuvent vouloir offrir pour exploitation une ressource espectrale dont la moitié est pratiquement « controlée » par Haïti ?

Aujourd’hui, le risque de voir deux systèmes de télévision diviser davantage les deux pays se partageant l’île d’Haïti se précise: un sytème de télévision terrestre analogique du coté haitien maintenu en violation des recommandations de l’UIT et un système de télévision numérique terrestre du coté dominicain qui aura tardivement réussi sa transition vers la TNT et ainsi se conformer aux exigences internationales..

Cependant il y a beaucoup plus que cela : le casse-tête haitien au niveau de la gestion de la transition vers la TNT, si rien n’est fait du coté haitien, deviendra un problème dominicain.