Lorsque l’Usine Sucrière Jean Léopold Dominique de Darbonne anciennement connue sous le nom de l’Usine Sucrière Nationale de Darbonne, communément dénommée l’ Usine Sucrière Jean Léopold Dominique de Darbonne, était lancée en 1983 à Léogâne, Jean-Claude Duvalier était président d’Haïti, il nous fallait 5 gourdes pour $1USD, Haïti exportait du sucre grâce aux usines de la Haitian Sugar Company (HASCO), il y avait des rails à Léogâne pour connecter l’Ouest d’avec le Nord et le Sud, l’Ecole des Frères de l’Instruction Chrétienne était à l’époque dirigée par des Frères, le Président Jovenel Moise n’avait que 15 ans
Partie I
Mercredi 27 décembre 2018 ((rezonodwes.com))– L’Italie a vendu l’usine en 1981 à l’Etat haïtien pour une somme de 70 millions de dollars américains, aujourd’hui selon des experts, cette même usine ne vaut que 32 millions, et il faut près de 20 pour la faire fonctionner au moins à 40% de sa capacité.
Fonctionnant à 70% de sa capacité, l’usine broie 3 000 tonnes de canne à sucre par jour, produit entre 1500 à 2000 sacs de sucre par jour et transforme la bagasse en 5 mégawatts d’énergie pour générer assez d’électricité pour alimenter une bonne partie de la région des palmes.
Tristement, depuis son lancement, l’usine n’a jamais pu fonctionner à plus de 50% de sa capacité à cause de l’oligarchie économique qui a vu que l’usine allait représenter une menace à l’économie insulaire d’Haïti représentée par BRANDT, MEWS, BIGGIO, ACCRA et BEHRMANNS. En ce sens, le secteur privé a signé un contrat avec le régime d’alors pour tenir le fonctionnement de l’usine en deçà de 30% de sa capacité. Le même cas était pour les usines sucrières Welsh et la Centrale Dessalines respectivement dans le Nord et dans le Sud.
Chose dite, chose faite, en 1987, MEWS a acheté la HASCO pour un centime sur le dollar et 3 ans après, la HASCO ne fonctionnait plus puisque les équipements de la compagnie, plus particulièrement les rails, étaient vendus à une usine sucrière de la République Dominicaine. La fermeture de celle-ci a rentré Haïti dans l’ère de l’importation du sucre. Il y a beaucoup plus à gagner dans l’importation du sucre et de l’alcool qu’il y a dans la production de la canne-à-sucre », a martelé MEWS après qu’il eut signé le dernier contrat pour aller enlever les rails à Léogâne.
Plus loin, l’usine de Darbonne serait fermée pour quinze ans pendant que l’éthanol frelaté faisait son petit bonhomme de chemin sur le marché haïtien, causant ainsi une baisse drastique de la production de la canne à sucre et ensuite, la fermeture des guildives et des moulins de la plaine. En 1999, sous la pression de l’Association des Planteurs et des Distillateurs de Léogâne (APDL) et de Mouvement des Cultivateurs et des Distillateurs de Léogâne (MKDL) et assisté de l’influence du guru médiatique Jean Léopold Dominique, le gouvernement a lancé des travaux de réparation de l’usine de Darbonne pour relancer son fonctionnement.
Quinze ans de fermeture ont démotivé les paysans léogânais qui ne produisaient plus de cannes sacre en quantité suffisante pour vendre à l’usine dont aussi la technologie de broyage est rouée et âgée. Malgré cette démotivation, en 2005, l’usine a pu broyer 58.500 tonnes de canne à sucre pour produire 54.000 sacs de sucre.
Face à cette production et la détermination de l’APDL pour contrôler l’économie de la commune de Léogâne, encore une fois, l’économie insulaire d’Haïti grinçait leurs dents pour s’imposer au fonctionnement total de l’usine. Incapable de lutter contre l’oligarchie économico-politique, de 2006 à 2010, chaque année, l’usine a affiché une dégradation de 28.000 tonnes de cannes à sucre, une dépréciation de 21.000 sacs de sucre et une réduction de 65% de sa main-d’œuvre.
Depuis la montée de l’ex président Martelly au pouvoir, plus spécifiquement depuis 2012, le pays importe plus de 300.000 tonnes de sucre pour un montant de $220M par an. Redémarrer l’usine doit commencer par encourager les cultivateurs léogânais à replanter la canne-à-sucre. Aussi faut-il bien que l’Etat Haïtien investisse dans la production de la canne-à-sucre à travers tout le pays pour que Léogâne ne soit plus la seule source de canne-à-sucre pour l’usine, ce pour aboutir à une exploitation plus rationnelle de l’usine et pour créer au moins 2000 emplois dans la commune comme en 1983.
Dans le cadre de (la) rationalisation économique et du principe de Retours Sur les Investissements (ROI), les économistes et les ingénieurs mécaniques devraient se poser cette question si brûlante et si pressante : « Considérant qu’il faut près de 20 millions de dollars pour réparer l’usine pour la faire fonctionner au deçà de 50% de sa capacité, ne serait-il pas plus bénéfique de construire une autre usine qui tiendra compte de la production de la canne et qui réunira les technologies modernes pour produire plus de sucre avec moins de cannes ? »
Il faut également se poser cette question : « Y a-t-il une raison pour Haïti d’investir dans la production du sucre puisque la majorité des terres qui hier était cultivable est aujourd’hui habitable et entrepreusable ? » Si les réponses sont affirmatives, donc, nous devons commencer à retirer l’usine sous le contrôle de la Politique centrale pour la remettre à des investisseurs domestiques ou étrangers sous formes de partenariats public-privés.
Bobb RJJF ROUSSEAU
Docteur en Droit et Politique publiques
bobjrusso@yahoo.com
Bobb RJJF Rousseau, PhD
Public Policy and Administration
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