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C’est un moment que l’histoire retiendra. Ce jeudi, lors d’une séance publique à l’Assemblée nationale, les députés français ont voté une résolution historique visant à la reconnaissance, au remboursement et à la réparation de la « double dette » imposée à Haïti au XIXe siècle. Le Cercle des élus français d’origine haïtienne (CEFORH) a immédiatement salué cette décision comme une « victoire historique ».

Le texte, soutenu notamment par le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) par la voix du député Marcelin Nadeau, a reçu l’aval de la majorité absolue des parlementaires. Le CEFORH a tenu à remercier l’ensemble des groupes ayant voté en faveur de cette résolution, soulignant l’importance d’une telle démarche dans la réparation d’une injustice sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Pour rappel, le 1er janvier 1804, Haïti devenait la première république noire du monde après avoir vaincu les troupes napoléoniennes sous le commandement du général Jean-Jacques Dessalines. Mais en 1825, sous la menace militaire et diplomatique, la France exigea de la jeune nation le paiement d’une rançon de 150 millions de francs or – une somme astronomique équivalente aujourd’hui à environ 560 millions de dollars (525 millions d’euros), selon une enquête du New York Times.

Pour honorer cette exigence, Haïti fut contrainte d’emprunter à des banques françaises à des taux usuraires, contractant ainsi une « double dette » : envers la France et envers les prêteurs français. Une spirale infernale qui, selon l’économiste Thomas Piketty, aurait coûté au pays près de 30 milliards d’euros de croissance économique au fil des siècles. Les conséquences ? Un sous-développement chronique et une instabilité politique persistante.

Au-delà de la reconnaissance financière, cette résolution marque une prise de conscience historique de la France. Elle reconnaît non seulement le tort causé à Haïti, mais aussi l’importance universelle de la révolution haïtienne dans l’histoire de l’humanité. Cette victoire militaire contre l’ordre esclavagiste européen a été un moment fondateur, prouvant que la dignité humaine transcende la couleur de peau. Haïti fut l’incarnation vivante de la Déclaration universelle des droits de l’homme, bien avant son adoption officielle en 1948.

Pour autant, le CEFORH rappelle que cette victoire ne constitue pas une fin en soi. Le combat pour un véritable remboursement et une réparation complète continue. Les associations, les intellectuels et les amis d’Haïti sont appelés à rester mobilisés et vigilants.

Dans un message fort, le CEFORH appelle aussi à une nouvelle révolution haïtienne — non pas par les armes, mais par l’unité, la solidarité et l’intelligence collective. Comme en 1804, le redressement du pays passe par la réunion de toutes les composantes de la société haïtienne : diaspora, citoyens locaux, jeunes et anciens, double nationaux ou non.

Installés en France, les membres du CEFORH affirment leur attachement indéfectible à Haïti tout en étant pleinement investis dans leur pays d’accueil. Pour eux, aimer la France n’est pas renier Haïti, et inversement. « Ce serait comme demander à un enfant de choisir entre sa mère biologique et sa mère adoptive », souligne Jocelyn Jean Louis, membre du CEFORH.

Le Cercle plaide ainsi pour une relation renouvelée entre les deux nations, fondée sur la justice, le respect et la vérité. « Toute tentative d’exclusion d’une partie de la population haïtienne, notamment sa diaspora, doit être dénoncée comme une trahison des idéaux de 1804 », conclut-il.

La France a fait un pas historique. Reste désormais à transformer cette reconnaissance en actes concrets. Pour le CEFORH, le vrai changement viendra lorsque tous les Haïtiens, où qu’ils soient, travailleront ensemble à relever leur pays. Car l’esprit de Dessalines, de Toussaint Louverture et de Sanité Bélair continue de vivre dans chaque combat pour la liberté, la justice et la dignité.

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