Chaque peuple a le government qu’il mérite, disait Joseph de Maistre. Le gouvernement dont le peuple haitien mérite devra se concentrer sur l’application des mesures administratives et légales visant à renforcer l’autonomie administrative et financière des collectivités territoriales. Si Haiti doit sortir du bourbier socioéconomique et politique dans lequel il se trouve actuellement, l’État doit prioriser la participation active de la population dans les mécanismes de prise des décisions à travers l’administration des collectivités territoriales.
Le gouvernement de proximité répond à un besoin crucial d’intérèt collectif et d’engagement citoyen. La participation citoyenne passe par l’implication à des canaux de pouvoir de décision qui affectent le quotidien immédiat de l’individu. Le citoyen qui n’a pas accès aux canaux de pouvoir de décision est un individu qui n’a aucun intérèt dans le bien-être collectif. Il est réduit à défendre des intérèts mesquins qui ne sont pas toujours les siens. Il ne tire que des avantanges dérisoires de son prétendu militantisme politique. Sa situation sociale et économique ne fait que s’empirer et il ne se rend même pas compte que son sort ne changera pas tant que les conditions sociales et économiques de la collectivité restent encore les mêmes.
Le citoyen se forge dans l’engagement collectif. Pas d’engagement collectif, pas de citoyen. Pas de citoyen, pas de démocratie. Pas de démocratie, pas de progrès social et économique. Pas de progrès social et économique, pas d’État. Pas d’État, pas d’avenir. C’est à cette triste réalité qu’est confrontée la population haitienne, livrée à elle-même et sans espoir d’un soleil radieux à l’horizon. Il faut redonner espoir à ce peuple fier dont l’histoire glorieuse impose honneur et dignité.
Les domaines de compétences des collectivités territoriales doivent être clairement définies: organisations des élections locales,administration de la justice et de la sécurité publique, gestion des services publics, gestion des routes et transports publics, gestion de l’hygiène et de la sanitation publiques, administration de la santé publique, administration de l’éducation publique, gestion des aires protégées et du patrimoine historique, développement des services de logement et d’urbanisation, collecte de taxes et d’impots, gestion des ports et aéroports régionaux, etc.
L’État central devra se limiter aux tâches régaliennes de légifération, d’application et d’exécution des lois, de garantie de la bonne marche et du bon fonctionnement des trois pouvoirs régaliens, de protection des vies et des biens, de garantie des libertés publiques et de la libre circulation des personnes, de représentation diplomatique, de promotion à l’investissement national et étranger, de défense du territoire et de la souveraineté nationale. L’État devra se résigner à se limiter à un rôle de régulateur national et laisser à la population l’initiative des décisions qui touchent à la vie quotidienne et au bien-être collectif. L’omniprésence improductive de l’État tue l’élan citoyen et paralyse le vécu quotidien de la population.
Le pouvoir central est incapable de garantir la démocratie. Le gouvernement local, à travers l’administration effective des collectivités territoriales, est la seule voie possible vers l’instauration d’une réelle démocratie en Haiti.
Me. Marc Wood Pierre, Av.
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