Les oubliés de l’abri logeant les plus vulnérables de l’Arcahaie

Dimanche 25 août 2019 ((rezonodwes.com))– A 40 km de la capitale, au Nord de la baie de Port au Prince s’étend la grande cité mythique de l’Arcahaie, ville historique ayant vu naître la création du drapeau en mai 1803.

A quelques mètres du centre ville, dans un abri en état de délabrement et dégageant une odeur désagréable sont logés les vulnérables, vieillards et moins âgés, communément appelés pòv.

L’espace, baptisé Ga par les Archelois, est le théâtre du désenchantement des vulnérables.

Un homme qui veut se cacher derrière l’anonymat s’est désigné en porte parole pour faire passer les frustrations et les calamités de ces infortunés résidents.

D’entrée de jeu, il déclare: « l’État ne connait même pas notre existence, nous n’avons accès ni à l’eau potable, ni aux soins sanitaires. Et, nous n’avons que l’eau des puits pour nous désaltérer ».

Avec un visage crispé et désespéré, il raconte sa tragédie quotidienne: »avec un chapeau, un bâton, une cloche et un outil qui s’appelle Tchatcha, je prends la rue tous les jours en quête du pain quotidien », confie-t-il.

« Humiliation et déception » sont les deux plus grands refrains entonnés dans ma vie sans espoir, soupire-t-il, notant au passage qu’il vient tout juste de se marier à l’Eglise Rachetés des Emmaüs de l’Arcahaie.

En faisant le tour de cet abri de 5 chambres, on trouve un espace servant de salle de culte, un bloc sanitaire en état de délabrement composé de deux pièces dégageant une odeur nauséabonde, un espace en terre battue, boueux et chargé d’ordures, où ils prennent leur bain, une grande porte en fer donnant l’accès à l’entrée et des petites chambres abritant environ cinq personnes.

Une femme explique la situation. Agée de 55 ans, elle a vécu tout son temps dans cet espace. Elle pointe du doigt la mairesse actuelle de l’Arcahaie, Rosemila Sainvil Petit Frère, qui a fait une tentative afin de les déguerpir de l’espace.

Une résidente de la zone donne une autre version du fait. Elle fait croire que l’intervention du magistrat était d’empêcher à ce que l’espace ne soit occupé par des bandits. Grâce à la démarche d’un étranger dénommé Hansen, ils ont bénéficié d’un léger aménagement de l’espace mais qui ne change rien à l’état d’insalubrité.

Une situation tout à fait alarmante nécessitant l’intervention immédiate des autorités. Plusieurs dizaines de familles occupent cet espace qui, si on tient compte de la dignité humaine, ne devrait pas servir de logement à des humains.

Pascal Fleuristil