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par Natacha Durose

En Haïti, si la situation des personnes handicapées se révèle compliquée à Port-au-prince, la capitale, elle l’est, sans aucun doute, encore plus à la campagne et dans les villes de province, appelées « pays en dehors »

Vendredi 15 décembre 2017 ((rezonodwes.com))– Au vu et au su des responsables à divers niveaux du pays, les handicapés mènent une vie de misère. Ils sont obligés de se livrer à diverses activités difficiles et périlleuses, en raison de leur handicap, afin de se procurer le pain quotidien, pour eux et leurs dépendants.

Pour la plupart, ils se retrouvent dans les stations de camionnettes et d’autobus à inviter les gens à y prendre place; d’autres, dans une chaise roulante ou s’appuyant sur ses béquilles, ou pire, traînant sur le sol, seuls ou accompagnés de quelqu’un qui les conduit, mendiant quelques sous aux passants. Certains parents, surtout à la campagne, considèrent leurs enfants handicapés comme des personnes sans vie.

Les abus dont sont victimes les personnes handicapées

Julienne Thelusme, vivant avec une jambe en moins, marchande de vêtements usagés, raconte que les agents de la mairie de Delmas la chassent partout dans les coins des rues où elle essaie d’étaler sa petite marchandise. Il lui arrive souvent de laisser tomber sa prothèse en courant. Vivant seule avec ses deux enfants, elle passe le plus clair de son temps dans les rues soit pour chercher de l’eau, soit pour leur chercher de la nourriture ou encore pour liquider des vêtements usagés.

En ce qui concerne l’emploi

En général, pour trouver du travail en Haïti, même détenteur de plusieurs diplômes, on doit avoir un parent ou un ami influent, communément appelé  » parrain » ou  » marraine », dans l`administration publique ou privée. Les personnes handicapées ont encore beaucoup moins de chance pour en trouver, compte tenu de leurs difficultés à accéder aux espaces et la discrimination dont ils sont victimes. Il n’y a pas de plus gros handicap!

Les handicapés haïtiens réclament notre aide

De nombreux enfants en Haiti vivent dans des conditions particulièrement difficiles. Pour la plupart orphelins ou abandonnés par leurs parents, ces enfants sont recueillis par certaines familles qui ne respectent pas leurs droits en les obligeant à réaliser toutes sortes de travaux domestiques dans des conditions très difficiles. Ces enfants sont maltraités et contraints de réaliser des travaux souvent au dessus de leur force.

D’autres, sans abris et sans proches parents vivotent dans les rues de Port-au-Prince. On les voit un peu partout comme au Champ de Mars ou au Carrefour de l’aéroport. Sans le moindre support, ces enfants marginalisés qui n’ont jamais été à l’école sont livrés à eux-mêmes.

Mais la situation est d’autant plus grave pour les enfants handicapés, car en plus de subir toutes sortes de préjugés, ils souffrent aussi d’un handicap physique. Jade Peritier Marie Claude a retenu notre attention. En raison de son handicap mental, elle ne peut pas apprendre à l’école, le professeur ne l’envoie jamais au tableau et ne la laisse jamais s’impliquer dans les activités en classe.

:Sur le plan des accessibilités

L’Etat haïtien devrait se pencher sur la question pour permettre aux handicapés d’avoir des espaces tant dans le privé que le public qui tiennent compte de leur situation.

:Sur le plan Éducatif:

La Secrétaire nationale du RANIPH, Rose-May Legouté, pense que tous les enfants, handicapés ou pas, devraient se retrouver dans la même école, le meilleur moyen, selon elle, de les intégrer au sein de la communauté. Elle poursuit en indiquant qu’une campagne de sensibilisation devrait être menée auprès de la population pour rappeler que les handicapés ont les mêmes droits avec les mêmes traitements.

Elle indique par ailleurs que la situation est aussi grave pour les femmes qui vivent avec un handicap. Elles sont souvent victimes de viol et la justice haïtienne ne prend pas vraiment leur cas en considération.

BSEIPH et d’autres organisations œuvrant dans le secteur des handicapés luttent pour une meilleure intégration des handicapés dans la vie publique.
Présentement le Secrétariat d`état aux personnes handicapées dirigé par Gérald Oriol Jr ne dispose pas encore de statistiques sur le nombre de personnes vivant avec un handicap à travers le pays.

Il parle, par contre, d`une augmentation significative de personnes handicapées après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. En effet, selon les estimations officielles, environ 40.000 personnes ont été amputées d’un membre alors qu’on ne dispose pas encore d’informations fiables pour environ 10% d’entre elles. Gérald Oriol soutient toutefois que des pas importants ont été franchis dans la lutte pour l’intégration des handicapés.

Certaines dates sont vraiment importantes pour les personnes souffrant de déficience physique, comme le 3 décembre ou le 10 décembre, respectivement Journée internationale des handicapés et Journée des droits de l’homme. Un grand combat doit être mené non seulement pour aider les personnes en situation de handicap à cultiver la confiance de soi en rappelant qu’on ne doit nullement subir des injustices et préjugés à cause d`un handicap.

Julienne Thélusme habite au camp la piste au niveau de la route de l’aéroport depuis l’après 12 janvier 2010. Elle décrit sa situation des plus difficiles dans un environnement malsain avec des ordures aux abords du camp et la pratique de défécation à l’air libre sans les services de base, sans école, santé, logement etc..

Le 3 décembre dernier, Journée internationale des handicapés, était placée sous le thème (An n bati yon sosyete dyanm ak patisipasyon tout moun / Construisons une société plus forte et inclusive pour tous). Pourtant, plus d’une centaine de personnes handicapées vivent actuellement dans le Camp la Piste qui, pourtant, n’a jamais reçu de visite des autorités, sauf durant les périodes électorales.

Est ce que ces personnes sont impliquées et comprennent ce qui se dit dans les débats politiques du moment? Des traducteurs ne devraient-ils pas être disponibles pour le langage des signes au niveau des institutions publiques, pour une réelle intégration du secteur et l’accès au plus grand nombre?

Natacha Durose