Ceux qui croient que l’instabilité – et son corollaire, l’insécurité – qui rongent Haïti sont liées à ses richesses naturelles, se trompent. Jamais un gouvernement haïtien n’aurait fait obstacle à Wall Street, ni à une puissance étrangère déterminée à exploiter, voire piller ces ressources. Même la découverte supposée de terres rares à la frontière haïtiano-dominicaine ne saurait expliquer à elle seule cet état de fait.
Pour une énième fois, nous le répétons : en Haïti, ce n’est ni l’or, ni le pétrole, ni le cuivre, ni l’iridium qui suscitent l’avidité. C’est autre chose, plus simple, plus rentable à court terme : le chaos lui-même.
De la même manière que la guerre en Ukraine s’est transformée en machine à cash – Trump ne disait-il pas que chaque fois que Zelensky venait à Washington, il repartait avec des milliards ? – l’instabilité haïtienne, elle aussi, génère ses dividendes. Non pas pour les Haïtiens, bien sûr, mais pour une multitude d’acteurs internationaux. Il faut l’exploiter, l’entretenir et, pourquoi pas, la construire.
Pendant des années, la bureaucratie onusienne, à travers ses missions successives et ses projets dits humanitaires, a prospéré sur le dos de la crise haïtienne. Les Clinton, figures emblématiques du système international d’aide, ont figuré parmi ceux qui tiraient profit de cette instabilité chronique. On parle ici de plusieurs centaines de millions de dollars engrangés annuellement dans la seule logique de la gestion du chaos.
Ce désordre n’est pas un accident, mais une rente soigneusement entretenue. Tant que le pays demeure ingouvernable, tant que l’insécurité justifie les interventions extérieures, tant que les Haïtiens sont maintenus dans une urgence humanitaire perpétuelle, des milliards continueront de circuler.
En réalité, une Haïti stable coûterait bien plus cher aux profiteurs du système que l’instabilité ne leur rapporte. Le véritable obstacle à la paix, c’est qu’elle ne rapporte rien.
Tant qu’on redoutera la paix comme la fin d’un système lucratif, le chaos sera préféré à l’ordre. Haïti doit donc reconquérir sa souveraineté pour empêcher que ses malheurs ne deviennent un fonds de commerce. Et la vraie question est peut-être celle-ci : ne faudrait-il pas lancer une pétition pour exiger le retrait du BINUH ?
Michel Legros
sitwayenpourespekonstitisyon@gmail.com
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