Surpopulation carcérale : la MINUJUSTH accompagne l’amélioration des conditions de vie dans les prisons en Haïti
Port-au-Prince, lundi 26 février 2018 ((rezonodwes.com))– La question de la situation des personnes en détention préventive prolongée est une des causes du taux de surpopulation des prisons en Haïti. Selon les chiffres de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP), en moyenne 74% des hommes incarcérés sont détenus sans avoir été jugés. La situation est encore plus discriminatoire pour les femmes (82%) et les filles (95%).
En visite officielle à la Mission des Nations unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix Bintou Keita a tenu à visiter la prison de Jérémie, qui compte 304 détenus. Parmi eux, 51 seulement (20%) ont déjà reçu un jugement. La situation a choqué Mme Keita : « J’ai été absolument peinée de voir les conditions non seulement des personnes qui sont incarcérées, mais aussi celles qui travaillent au quotidien dans les prisons ».
Pour Mme Keita, la certification des prisons pour améliorer leur fonctionnement selon les standards internationaux est un des objectifs principaux de travail des Nations unies en partenariat avec les autorités haïtiennes : « Il y a une volonté politique qui doit être manifestée pour que la MINUJUSTH puisse travailler aux côtés de la nation et des autorités haïtiennes. »
Pour les deux années à venir, la MINUJUSTH va se concentrer sur neuf centres de détention afin de créer des références qui serviront de modèle pour certifier graduellement les autres centres du pays. Ces efforts se font en coordination avec les autorités nationales et les 19 Agences, Fonds et Programmes des Nations Unies au pays. L’État de droit constitue un élément indispensable pour ouvrir la voie vers les 17 Objectifs de Développement durable des Nations unies. Mais aussi pour avancer vers l’ambition d’Haïti de devenir un pays émergent à l’horizon 2030. La famille des Nations unies continuera d’accompagner le pays dans son engagement à construire un futur meilleur pour ses enfants et ses petits-enfants.
Une mission centrée sur l’État de droit
Les Nations unies conduisent des projets axés, entre autres, sur la promotion des droits humains, la prévention du VIH, la protection des enfants et la prévention des violences — notamment faites aux femmes — dans des prisons. L’objectif est de réduire les vulnérabilités des détenus et de promouvoir la santé et le bien-être dans les établissements correctionnels.
La détention préventive connaît parfois un délai plus long que la peine que les hommes, femmes, filles ou garçons détenus auraient dû purger selon la loi, si reconnus coupables. D’autant que cela engendre une surpopulation des centres de détention.
Du point de vue des standards minimaux, l’espace vital d’un détenu est en moyenne de 4,5 m2. Mais en Haïti, cet espace se limite à 0,5 m2 selon l’étude World Prison (2016). Il y a un manque de places disponibles qui entraîne de graves violations des droits humains : conditions de vie insalubres, problèmes de santé, maladies et malnutrition. Les femmes et les enfants, surtout les filles, sont à ce titre particulièrement vulnérables.
C’est pourquoi le Conseil de sécurité de l’ONU a confié à la MINUJUSTH un mandat d’appui aux autorités nationales dans le cadre de la réforme de l’État de droit.
Le but de la Mission est de promouvoir et de défendre les droits de l’Homme, avec un accent particulier placé sur l’accès à la Justice, le respect des procédures légales, l’appui structurel au système pénitentiaire ainsi que le respect des conditions de détention : surpopulation, hygiène, accès aux soins et aux visites.
ONUSIDA souligne l’importance de la prévention du Sida en milieu carcérale
ONUSIDA apporte un soutien technique au projet de santé de Health Through Walls (HTW) dans les prisons. Ce projet vise à améliorer la santé et la prestation des soins à la population carcérale. Avec le support de la Direction de l’Administration Pénitentiaire, HTW effectue un dépistage individuel des symptômes, une évaluation physique et un dépistage de la tuberculose par radiographie thoracique pour chaque détenu à leur entrée en prison.
Le conseil et le dépistage (CD) sont faits après la sensibilisation et l’acceptation par le détenu. Une gamme complète et intégrée de soins et de prévention du VIH/SIDA et de la tuberculose sont mis en place pour permettre à chaque détenu d’accéder à tous les services disponibles. Après leur libération, un système d’aiguillage sous traitement antirétroviral (ARV) et Tb est assuré pour la continuité des soins.
Pour la période 2016/2017, plus de 19 533 détenus ont été examinés et testés pour le VIH et 1156 sont actuellement sous traitement antirétroviral. ONUSIDA continue de faire le plaidoyer pour que personne ne soit laissé pour compte. Une façon de rappeler que les prisons sont des espaces à haut risque à cause du manque de moyens de prévention et la présence des populations particulièrement vulnérables.