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Entre héritage brisé et survie quotidienne, comment les Haïtiens réinventent-ils l’éducation et la résilience face à l’effondrement ?

En moins de 30 ans, Haïti a connu une dégradation fulgurante, passant d’un symbole de fierté et de résistance à un État en déliquescence, rongé par la violence, l’instabilité politique et une pauvreté systémique. Les gangs contrôlent désormais une grande partie du territoire, le kidnapping est devenu une menace permanente, et l’éducation, la santé et même l’espérance de vie reculent dangereusement.

Dans ce chaos, une question cruciale émerge : les parents haïtiens ont-ils été préparés à élever leurs enfants dans une telle réalité ? Les valeurs d’hier, fondées sur la solidarité, la confiance et un optimisme malgré les difficultés, suffisent-elles encore aujourd’hui ? À travers des témoignages de la diaspora et de ceux qui résistent encore sur place, cet article explore la fossé entre l’éducation reçue et les défis actuels, tout en cherchant des pistes pour reconstruire.

Des témoignages qui disent beaucoup

1. Une éducation tournée vers l’ailleurs, pas vers la crise actuelle
– Témoignage d’Erine (mère expatriée) :
“Nos parents nous ont préparés à partir, pas à survivre ici. Personne n’imaginait qu’Haïti deviendrait cette zone de non-droit.”
→ Beaucoup de familles haïtiennes ont traditionnellement vu l’émigration comme la seule échappatoire, sans anticiper un effondrement aussi rapide du pays.

2. Des valeurs de solidarité mises à mal par la méfiance généralisée
– Témoignage de James (résident de Port-au-Prince) :
“Avant, tout adulte était un parent pour tout enfant. Aujourd’hui, on doit se méfier de tout le monde.”
→ La confiance, pilier de la société haïtienne, est érodée par les gangs et la criminalité, forçant une réinvention des rapports sociaux.

3. L’improvisation comme stratégie de survie
– Témoignage d’Ignace (philosophe) :
“Mes parents m’ont appris la vigilance. Maintenant, c’est une question de vie ou de mort.”
→ Les leçons de prudence deviennent vitales, mais beaucoup doivent “désapprendre” des idéaux comme la justice immédiate pour survivre.

4. Une résilience fragile mais persistante -Témoignage de Medjine (avocate à Port-au-Prince) :
“Malgré tout, les parents croient encore en l’avenir. Protéger les enfants est leur dernier rempart.”
→ Malgré le trauma collectif, l’espoir persiste, notamment à travers l’éducation informelle et la protection familiale.

Pistes de solutions pratiques (ton positif et engagé) :
1. Éducation alternative :
– Soutenir les écoles communautaires et les programmes à distance pour pallier les fermetures.
– Intégrer des formations psychosociales pour aider parents et enfants à gérer le trauma.

2. Réseaux de solidarité locaux :
– Recréer des cercles de confiance (voisinages, associations) pour remplacer les structures étatiques défaillantes.

3. Soutien à la diaspora engagée :
– Encourager les compétences de la diaspora (médecins, enseignants, ingénieurs) à contribuer à distance (télémédecine, mentorat).

4. Plaidoyer international ciblé :
– Exiger des sanctions contre les financeurs des gangs et un soutien direct aux ONG locales, non aux intermédiaires corrompus.

Haïti vit une rupture générationnelle brutale : les parents, élevés dans l’espoir d’un avenir meilleur, doivent aujourd’hui guider leurs enfants dans un pays qu’ils ne reconnaissent plus. Pourtant, dans l’improvisation et la résistance quotidienne, se dessinent des lueurs de solutions. La reconstruction passera par une réinvention collective, où les valeurs haïtiennes de dignité et de débrouillardise devront s’adapter à une réalité inédite.

 

Moise Garçon
Analyste Politique et Journaliste Indépendant
Président de VIZAJ Diaspora
Coordonnateur de la Proposition Citoyenne

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