Il est entré dans la salle d’audience la tête haute, costume bien taillé, regard durci. Mais derrière cette façade d’homme fort, Rénald Lubérice savait que c’était la fin de son mensonge. Car ce 7 juillet, jour anniversaire de l’assassinat de Jovenel Moïse, c’est bien le symbole d’une trahison politique que la justice haïtienne a convoqué.
L’ancien bras droit du président Moïse, celui qui se targuait de parler avant même que le chef de l’État ne réfléchisse, comparait désormais comme inculpé dans le meurtre de ce même homme. Ironie ou justice ? Peut-être les deux.
Pendant des années, Lubérice a fait et défait les gouvernements, jouant de son pouvoir avec une arrogance sans limite. Il faisait tomber des ministres, il plaçait ses amis, écartait ses ennemis. Il a fait révoquer Claudy Gassant dès que ce dernier s’est approché un peu trop près de ses affaires sombres.
On le soupçonne d’avoir bâti une fortune sur la corruption, pendant que la majorité des Haïtiens crevaient la dalle. Et lorsqu’il a voulu goûter aux urnes, croyant que l’argent de l’État ferait de lui un député, le peuple de Belladère l’a humilié. Oui, humilié. Quatrième sur huit, malgré ses convois de voitures, ses sacs d’argent, ses promesses creuses. Le message était clair : Tu ne nous représentes pas. Tu n’es qu’un imposteur avec des poches pleines et une conscience vide.
Rénald Lubérice ne s’est jamais remis du jour où Jovenel Moïse a choisi Ariel Henry. Ce jour-là, il a compris qu’il n’était pas l’héritier du trône, mais un pion, une ombre dans les couloirs du palais. Sa colère s’est transformée en rancune, puis en silence complice. Le juge d’instruction Walter Voltair pense qu’il y avait plus que du silence.
Aujourd’hui, ce même Lubérice, si rapide à révoquer les autres, si prompt à juger et à menacer, est assis sur le banc des inculpés. Plus de costume d’apparat. Plus de mot à souffler dans l’oreille du président. Seulement lui, sa vérité tordue, et une nation qui attend.
Lubérice croyait que l’histoire retiendrait son nom parmi les bâtisseurs de la nation. Mais non. Son nom sera gravé là où vont les figures de l’abus, de la trahison et du mépris du peuple. Il voulait devenir président un jour ; il finira peut-être en prison.
Et si jamais il pleure non pas pour lui, mais pour la honte qu’il a infligée à sa famille, et à ce pays, ce sera peut-être le seul acte de sincérité de toute sa carrière politique.
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