Fini le temps du fanatisme zélé fustigeant toute analyse critique de la situation socio-politique d’Haïti et s’octroyant des notes de satisfecit. Au courant de cette semaine, de l’Unicef à Reporter Sans Frontières en passant par Transparency International pour aboutir à Amnesty international, c’est aux institutions internationales qu’il est revenu de placer leur juste mot sur la situation calamiteuse prévalant en Haïti. Les 37 000 haitiens encore sous les tentes, les réfugiés, les violences faites aux femmes, entre autres choses

Londres, jeudi 22 février 2018 ((rezonodwes.com)).–Dans son rapport annuel 2017-2018, sur la situation des droits humains dans le monde, publié jeudi, Amnesty International revient sur la remobilisation titubante de l’armée d’ Haïti par le président Jovenel Moise.

« Les autorités ont pris des mesures pour reconstituer l’armée, qui avait été dissoute en 1995. On ignorait quel système de contrôle serait mis en place pour recruter les nouveaux soldats compte tenu des nombreuses violations des droits humains imputées aux précédentes forces armées« , a rappelé Amnesty International dans une description de la situation des droits de l’homme en Haïti, 2017-2018.

Dans la chronologie des événements décrite, l’organisme qui veille sur « l’état de santé » des droits humains, mentionne qu’en mars 2017, à la demande du gouvernement haïtien, le mandat de l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti a été révoqué.

Si d’une part le 12 janvier dernier, le président Jovenel Moise en déposant la première pierre de reconstruction du Palais National, n’a nullement fait allusion aux sans-abris, dans ses propos de circonstance, d’autre part Amnesty International, dans sa rubrique consacrée aux « Personnes déplacées » a présenté un libellé descriptif, selon un  rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), établissant en juin 2017 que 37 867 personnes étaient toujours déplacées à l’intérieur du pays, depuis le puissant tremblement de terre de janvier 2010.

Malgré l’organisation de carnaval sur carnaval, jusqu’à l’invention unilatérale d’un 4ème jours-gras, « Haïti a encore des milliers de personnes qui vivent dans des camps de fortune », rappelle A.I. qui a, en outre penché un regard sur le sort des réfugiés haitiens en République Dominicaine. En juillet 2017, écrit-il, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies a signalé une augmentation des cas d’expulsion à la frontière dominicano-haïtienne.

Un fléau à combattre en Haïti, les violences faites aux femmes et aux filles, un phénomène lié à la corruption et à l’impunité qu’un certain comportement misogyne de nos hommes forts, intègre dans le vécu quotidien de l’ haïtien. Les violences contre les femmes et les filles, notamment d’ordre sexuel, étaient très répandues, en Haïti en 2017, informe Amnesty International regrettant que le nombre de cas signalés soit en deçà de la réalité.

DÉFENSEURES ET DÉFENSEURS DES DROITS HUMAINS

Selon certaines informations reçues par Amnesty International, les défenseurs des droits humains David Boniface et Juders Ysemé craignaient pour leur vie, à la suite de la mort soudaine en mars de leur collègue Nissage Martyr. Celui-ci est mort le lendemain du dépôt par les trois hommes, d’une plainte pour violations graves des droits humains.

Amnesty International note que les autorités haïtiennes n’ont pas mis en place les mesures de protection adéquates, comme indiqué par la Commission inter-américaine des droits de l’homme qui avait pourtant prononcé des mesures conservatoires en vue d’assurer la sécurité des trois hommes.

DROIT À L’ÉDUCATION

En juin 2017, le Groupe consultatif ad hoc sur Haïti du Conseil économique et social des Nations unies a critiqué l’inefficacité du système éducatif du pays, soulignant que la majorité des écoles étaient gérées par le secteur privé,  ce qui, d’après Amnesty International, fait de l’éducation un système coûteux et à but lucratif, inaccessible à de nombreuses familles en Haïti.