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par Papouch HEADLY NOEL, Politologue
Humboldt Universität zu Berlin
University of Massachusetts

Mardi 26 janvier 2021 ((rezonodwes.com))– Le monde développe de plus en plus une conscience écologique. Il est maintenant en plein milieu d’une nouvelle révolution informatique. Mais nous, les Haïtiens, nous ne voulons pas cesser d’abattre les quelques arbres qui nous restent. Nous polluons notre environnement à des niveaux massifs. Et nous parions sur l’agriculture, et non sur la technologie, pour nous sauver de nos problèmes économiques. Dans quel univers cela a-t-il un sens ? Tout d’abord, reconnaissons que nous avons un problème. En fait, nous avons de nombreux problèmes. Et, le plus grand de tous nos problèmes est le suivant: le fait que nous n’acceptons pas la réalité dans laquelle nous vivons.

Notre économie n’est pas basée sur l’agriculture. Elle est basée sur la diaspora. Et elle est basée sur l’aide internationale et les dons. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Quarante pour cent du PIB d’Haïti provient de transferts de fonds provenant de la communauté de la diaspora. Soixante pour cent du budget du gouvernement provient de l’aide internationale. Le secteur agricole n’est pas en croissance; il se réduit. Le secteur rural, presque moribond, est en perte de vitesse en termes de nombre de travailleurs, grâce à l’immigration vers le Chili, le Brésil, le Mexique et d’autres pays d’Amérique latine. Le secteur est confronté à des défis majeurs, de nature écologique et humaine. Je peux citer d’abord quelques uns de nature écologique : dégradation des sols, déforestation, sécheresses, perte de biodiversité et changement climatique. Les défis de nature humaine ne sont pas moins graves : pressions démographiques, utilisation sous-optimale des ressources, insécurité des droits de propriété et manque d’investissements privés et publics. Tout semble indiquer que ces problèmes ne vont pas disparaître de sitôt. Ils ne diminuent pas. Ils deviendront plus nombreux et plus graves.

Cela signifie que nous devons repenser nos systèmes agricoles en fonction des objectifs écologiques adéquats, conformément aux récentes projections démographiques et aux prédictions de changements climatiques. En outre, nous devons repenser les systèmes agricoles en fonction d’un objectif central : La sécurité alimentaire, telle que définie par la FAO, pour tous les Haïtiens. Nous devons produire des biens agricoles qui ont une productivité élevée, et pour lesquels nous pouvons raisonnablement, dans un court laps de temps, atteindre l’autosuffisance. C’est-à-dire : pour la consommation locale uniquement.

De manière réaliste, Haïti continuera à s’approvisionner en denrées alimentaires à l’étranger pendant un certain temps, même dans les meilleures conditions. Car, il faut du temps pour construire des industries; pour former des travailleurs; pour permettre des conditions adéquates pour les investissements étrangers et nationaux, et pour mettre en place des processus pour faire fonctionner le secteur agro-industriel. Nous n’avons pas les moyens financiers, ni le temps d’attendre. Des gens meurent de faim en ce moment. Nos voisins, les Dominicains, produisent déjà la plupart de nos aliments à des coûts moins élevés. On les laisse faire pour l’instant. Plantons notre niche ailleurs où nous pouvons trouver des retours sur investissement plus élevés (par opposition aux bananes) dans un marché d’exportation. Comment ?

  1. Produire Fin, Propre et Luxueux : Café bio de luxe, tabac, coton, rhums, tequilas, Bourbon et autres alcools. Jus Tropical Bio 100% pur pour le marché EU, Canada et Europe. Produire du riz de super qualité et des bières pour l’exportation. Du coton. Huile précieuse.
  • Pariez sur la technologie: Cela signifie plus d’investissement dans les télécommunications et dans la construction des infrastructures Internet du pays. Les technologies ouvriront des frontières, des marchés, des possibilités dont nous ne connaissons même pas l’existence. Pensez à l’Estonie dans les années 1990. Pensez à Taïwan. Pensez à la Chine. Haïti fera bien d’avoir sa propre compagnie nationale de téléphones portables et de tablettes en ce sens. Il faut aussi penser à introduire les technologies de l’information dans nos planifications agricoles, pour augmenter la productivité par l’optimisation de l’utilisation des ressources
  • Pariez sur les jeunes. Pariez sur la créativité et la productivité des jeunes pour trouver de nouvelles idées, pour créer de nouvelles entreprises, de nouvelles façons de faire les choses. C’est-à-dire : s’ils reçoivent une éducation appropriée, un environnement approprié et les outils adéquats. Faire d’Haïti un pays où l’on parle au moins trois langues étrangères en masse : l’anglais, l’espagnol et l’allemand. Pour que les centres d’appel européens ne se rendent pas en Inde, au Philippines ou en République Dominicaine. Pour qu’ils viennent chez nous, pour donner du travail aux jeunes.
  • Soyez Vert, culturel et authentique : Haïti est une île. Nous sommes des insulaires. Le tourisme est l’un de nos plus grands atouts économiques. Nous devrions vivre sur une île propre, verte et belle. Et nous devons montrer, sans culpabilité, notre mode de vie en tant qu’insulaires d’origine africaine. C’est ainsi que nous pourrons inciter les touristes à revenir en Haïti. Les touristes Afro-descendants. Des touristes Européens, Canadiens, Américains et aussi Haïtiens, qui s’intéressent à la vie en montagne. À la biodiversité. Dans l’océan. C’est d’ailleurs la voie à suivre pour mieux vivre, pour nous les Haïtiens. C’est ainsi que nous créerons des opportunités pour le commerce et la croissance économique. Bien entendu, on ne peut pas être Vert sans que l’État n’investisse pas suffisamment de ressources pour nettoyer les baies d’Haïti et pour maintenir le transport maritime entre les villes côtières. On ne peut pas être vert sans investir dans l’énergie renouvelable. C’est la meilleure façon pour réaliser des économies sur le gaz et le CO2. Être vert signifie aussi être pour  une interdiction du plastique sur tout le territoire d’Haïti. C’est la façon d’encourager des industries alternatives.

C’est ce que je pourrais appeler un PAS GÉANT vers la bonne direction: une politique éclairée – une sublime gestion de la cité.

Auteur: Papouch HEADLY NOEL