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Persister à vouloir s’accrocher au pouvoir, même pour un mois, après le 7 février 2021, frise la folie

À quelque trois semaines de la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse, c’est le pays tout entier qui affiche son intention d’en finir avec lui et qu’il foute le camp du Palais National.

New York, jeudi 21 janvier 2021 ((rezonodwes.com))–Depuis déjà plus de trois mois, la colère du peuple face aux multiples dérives du régime PHT Kiste dirigé par l’équipe Moïse-Jouthe ne cesse de se faire entendre en crescendo de protestation. À quelque trois semaines de la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse, c’est le pays tout entier qui affiche son intention d’en finir avec lui, se déclarant prêt à recourir même à la violence pour libérer le pays si le chef de l’État, dont le mandat constitutionnel arrive à terme, le 7 février, persiste à se montrer récalcitrant.

Le moment est venu où il faut faire résonner encore plus fort l’alarme. En ce sens, la nation entière devrait rallier le dernier message d’un groupe de pasteurs protestants représentant plusieurs organisations de ce secteur. Bien que le locataire du Palais national n’intervienne pas directement sur la question relative à la fin de son mandat constitutionnelle dont la date du 7 février 2021 est celle reconnue par la quasi-totalité du pays, il ne cesse de multiplier les gestes et initiatives prouvant qu’il a son regard fixé sur cette même date, l’année prochaine.

Par l’organe ou le truchement de ses thuriféraires, le 7 février 2022 est revendiqué comme jour de son déménagement autorisé de la résidence officielle du chef de l’État. Une stratégie qui, cela va de soi, ayant le potentiel d’ameuter les citoyens de toutes tendances contre lui, et de fait les mobilise en ce sens. La manifestation du vendredi 15 janvier doit servir d’avertissement à tous les PHTKistes, Jovenel Moïse en tout premier lieu, qui feignent de ne pas saisir la gravité de la situation. En attendant, essayons de faire entendre raison aux femmes et hommes du pouvoir qui ont la tête enfuie dans le sable.

Certes, depuis qu’a déclenché la mobilisation citoyenne, en 2019, pour exiger la « démission immédiate et sans condition » de Jovenel Moïse, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais dans le sens négatif. Car au fil des mois, l’opposition anti-Moïse s’est endurcie et le nombre des secteurs soulevés contre lui s’est multiplié d’ une manière exponentielle, avec la même intensité que la grogne populaire. Alors que, secteurs après secteurs montent au créneau pour dénoncer les crimes, abus de pouvoir, violations de la constitution et des lois du pays, qui lui sont reprochés; en sus de commettre des massacres dans les quartiers défavorisés, tant à la capitale que dans les villes de province; et de perpétrer des assassinats sur la personne de paisibles citoyens, ou encore de donner carte blanche aux kidnappeurs contre rançon; et de lâcher ses alliés, les gangs armés semant le deuil au sein des familles; le vide socio-politique se fait autour de lui dans tous les secteurs de la vie nationale. La nation observe le chef de l’État sombrer de plus en plus dans cette logique de détournements, comme si lancé dans un voyage à sens unique vers le crime organisé.

Quand on le croit parvenu au bout de celui-ci, on le voit poussé encore davantage dans une nouvelle vague de dérives. En tout cas, même si très tôt après sa prestation de serment, Jovenel Moïse présentait des aptitudes dans les dérives qu’il affichait, on ne peut nier que lui et ses proches collaborateurs ont perfectionné les compétences criminelles et kleptomanes dotés de réflexes de détournements de fonds et d’agents de la corruption. Porteurs de tous ces vices, qu’ils pratiquent en même temps, on comprend que M. Moïse et ses alliés politiques n’aient pu casser le cycle infernal de la violence, du vol de fonds publics, d’assassinats, d’enlèvements et de massacres sur la population.

Dans le même ordre d’idées, on comprend aussi pourquoi les couches saines du pays ont fui le président haïtien comme la peste. De toute évidence, si lors de la première mobilisation, en 2019, le chef de l’État pouvait encore compter sur quelques centaines de collaborateurs endurcis, moins de deux ans plus tard, le voilà presque seul. Persister à vouloir s’accrocher au pouvoir, même pour un mois, frise la folie.

Certes, depuis des mois, les discours anti-Moïse véhiculés, tant dans le pays qu’en diaspora, l’écho de l’expulsion du président du Palais national fuse de toutes parts. Au fait, le réflexe de son rejet est si intense que d’aucuns proposent d’ « aller le chercher au Palais », s’il s’y trouve encore le 7 février. Les prises de position anti-Jovenel Moïse se sont radicalisées, au point que des passionnés préconisent même que lui soit infligé « le sort de Vilbrun Guillaume Sam », si cette date le trouve encore au Palais.

Pour mémoire, le 28 juillet 1915, le président Sam avait pris asile à la Légation de France, à Port-au-Prince, après avoir ordonné l’exécution sommaire de nombreux prisonniers politiques. Une foule en colère menée par des parents des victimes l’y poursuivit jusqu’à l’étage, où il se trouvait, le culbuta au sol, par la fenêtre, à la multitude qui le déchiqueta à coups de machettes, de piques, de couteaux et autres instruments hétéroclites. Ce tragique et sanglant événement entraîna le débarquement des Marines américains dont l’occupation d’Haïti a duré 34 ans.

En clair, les discours, prises de position et sorties dans les média des ministres et autres courtisans du chef de l’État revendiquant la fin de son mandat constitutionnel le 7 février 2022 ne visent qu’à agacer le peuple. Ceux qui comprennent bien la situation devraient s’abstenir d’attiser la colère des citoyens déjà à bout de patience avec lui. Voilà pourquoi il serait bon de tenir compte des derniers conseils prodigués par un groupe de pasteurs protestants.

En effet, la Conférence des pasteurs haïtiens (COPAH), Conseil national spirituel des églises (CONAS-PE), la Fédération des pasteurs haïtiens (FEPAH) et la Fédération protes-tante d’Haïti (FPH), dans une position commune adoptée à la suite d’une rencontre de réflexion tenue le 12 janvier dernier, à Tabarre, sur la situation générale du pays, à la veille du 7 février 2021, exigent le respect de la constitution, notamment les dispositions des articles 134-1 et 134-2.

En effet, ils comparent la situation qui règne présentement dans le pays « à une chaudière bouillante, prête à exploser, une colère qui gronde et un chaos terrible qui menace ». Le document dit plus loin : « Nous sommes littéralement assis sur une poudrière, une situation dangereuse exacerbée par l’entêtement de Monsieur Jovenel Moïse à se maintenir au pouvoir après le 7 février 2021, date constitutionnelle de la fin de son mandat ». Justifiant encore ses prises de position, les quatre organisations disent noter « (…) une dictature est en train de se mettre en place dans le pays. S’entêter à rester au-delà de son mandat constitutionnel, c’est s’engager dans une aventure dangereuse, car il s’ agit ici d’une violation flagrante de la Constitution ».

Ces entités protestantes basent leurs conclusions relatives à la mise en place d’une dictature par Jovenel Moïse par les motifs suivants : « La création d’un CEP illégitime et contesté, le cautionnement de l’action des gangs armés dans les quartiers populaires, l’impunité dont jouissent les criminels, le blocage du dossier Petro Caribe et la publication d’un ensemble de décrets liberticides ».

Ces organisations protestantes estiment leurs motifs justifiés pour de -man der aux institutions internationales, surtout « l’OEA et l’ONU » d’arrêter sans délai leur immixtion dans les affaires internes d’Haïti en apportant leur soutien à un président « ouvertement en rébellion contre la loi et la Constitution du pays ». Ces organisations adressent, de manière solennelle, une invitation aux forces vives du pays (secteurs religieux, patronal, syndical, etc.) afin qu’elles prennent position de manière non équivoque « en faveur d’une transition pacifique afin d’épargner au pays et aux citoyens les douleurs et les affres d’une violence aveugle ».

La date du 7 février avance rapidement, Jovenel Moïse devrait savoir qu’il ne peut imposer à toute sa famille le mauvais sort qu’il invite. Car il y a de fortes chances que cette date soit déjà trop tard !

Board of Editorial of Haïti-Observateur
édition du 20 au 26 janvier 2021