Par : Vitalème ACCÉUS
Dimanche 17 janvier 2021 ((rezonodwes.com))– Comment comprendre qu’un peuple qui n’a pas suffisamment de quoi manger, qui n’a pas de routes dignes de ce nom, pas d’écoles à la hauteur des enjeux du savoir et de la connaissance, pas d’hôpitaux dignes de confiance, pas d’électricité pour tous, pas d’espaces de loisirs ni d’environnement d’épanouissement démocratique, puisse sombrer si profondément dans la fatalité et la médiocrité les plus désarmantes? Puisse se laisser aller dans la haine et la division les plus vicieuses? Puisse s’installer dans l’asservissement politique et clanique les plus infamants? Puisse se complaire si lâchement et face aux injustices les plus insupportables? Puisse vivre si indignement dans la pauvreté sociale et morale la plus honteuse? Puisse se sentir si à l’aise avec le mensonge politique du pouvoir PHTK I et II ,intellectuel et social des plus insensés, se distinguer si outrageusement dans la corruption morale et dans l’oisiveté, le tout, en se laissant mourir si lâchement dans le désespoir, la misère et le kidnapping ?
Comment expliquer la surabondance politicienne dans un pays où le peuple a été complètement méprisé, ses besoins humains et sociaux les plus élémentaires et les plus vitaux outrancièrement ignorés à cause de l’incompétence et des enjeux secondaires et narcissiques?
Comment expliquer que tant de jeux politiques, tant d’élections, tant de missions des Nations Unies , donnent si peu de paix, si peu de bonheur, si peu de dignité, si peu d’épanouissement à un peuple au bord de l’asphyxie et de la décomposition irréversible?
Comment expliquer que tant de gangs en complicité avec les autorités de l’Etat aient tant de forces pour massacrer le peuple dans les quartiers populaires , tant d’énergies pour se vouer autant de haine, d’hostilité infondées, qu’ils aient tant de capacités à accepter et à s’adonner à autant de violences stupides et illégitimes ?
Comment expliquer qu’un pays si immensément riche ait une population si scandaleusement pauvre et misérable ?
Comment expliquer que cette misérable population soit si prompte à jouer les moutons de panurge, au point de se battre entre eux (les citoyens) pour garantir aux élites cyniques et détruites par l’hybris, la possibilité de conserver leurs privilèges illégitimes?
Comment admettre qu’un État soit capable de s’adonner à tant de violences, tant d’arbitraires et tant d’arrogances contre une population qu’il devrait protéger, défendre et servir ?
Comment comprendre l’incompréhensible?
Comment expliquer l’inexplicable ?
Comment justifier l’injustifiable?
Si ce n’est pour y voir le processus fataliste et nihiliste d’un lent et triste suicide collectif…
Après 217 ans d’une indépendance dignement et fièrement acquise, accompagnée de l’espérance d’une grande nation qui chérirait la dignité, la liberté et la justice.
Une espérance qui fût de courte durée, et voilà la porte de l’enfer ouverte pour un misérable peuple abandonné à lui même depuis 217 ans.
217 ans de pauvreté, de misère, d’arbitraires, d’injustice, de violence d’état, de violences politiques, de violences sociales, de violences économiques, d’arrogance des élites, d’irresponsabilité des gouvernants et des citoyens, de bavardage assourdissant, d’incitations, de manoeuvres et de violences dans les quartiers populaires (Bel-Air , La Saline, Cité Soleil etc.) à dessein politique et vénale, de rendez-vous manqués, d’opportunités perdues, de vies cassées, de familles meurtries, de rêves brisés, d’espérances souillées.
217 ans de mépris et d’abandon du peuple, de mensonges, de politiques spectacles funestes, d’incompétence notoire, de futilités politiciennes, de drames,de tristesse, de douleurs, de peines, de fêlures, de dialogues de sourds, de gabégies outrancières, d’enfantillage, d’immoralités, de cruautés, de complaisance collective, de politisation de l’administration et des commis de l’état, de militantisme clanique et vénale, de démagogie, de trahison d’une élite arrogante et outrageante, d’inégalités entretenues, d’illégalités encouragées, et d’impunité nourrie et instrumentalisée.
217 ans de renoncement moral, politique, intellectuel, étatique, populaire, social, économique, de trahison de l’état et des politiques, d’échecs non assumés, de fatalisme social et structurel.
217 ans de lâcheté d’un peuple complice de son propre asservissement inouï.
Donnant ainsi corps à un pays et un peuple sans âme, sans ambitions et sans projet collectif épanouissant et heureux pour chaque haïtienne et chaque Haïtien.
Notre pays est devenu un concentré de farces intellectuelles, politiques, sociales et démocratiques.
Les uns font semblant de gouverner, il n’en est rien!
Les autres, font semblant de s’opposer, que nenni!
Un peuple qui fait semblant de faire société, diantre !
Tous les régimes et tous les gouvernements (passés et présents) ont évidemment bien travaillé, ont tous bien accompli leurs missions…., nous dit -on.
Mais le peuple continue sa descente aux enfers, sans paix, ni pain!
Ni coupables, ni responsables face aux malheurs et souffrances qui étouffent ce peuple.
S’en remettre à Dieu qui n’y est pour rien, se sacrifier pour survivre ou crever, tel semble être le choix.
Nous avons préféré la liberté dans la pauvreté, nous n’avons ni la liberté, ni la dignité, encore moins la fierté d’un pays respecté et respectable.
Qui respectera un pays (un peuple ) qui ne se respecte pas de par ses faits, ses valeurs et sa vision émancipatrice ?
Je parle du respect en actions, et non des incantations d’une fierté imaginaire qui cache les blessures d’un peuple trahi et abandonné à ses propres démons et cauchemars.
Nous vivons dans un foutoir, dans une pétaudière, où chacun fait ce qu’il veut, où tout se vaut, tout est possible, tout est imaginable, tout est justifiable.
Dans une jungle où chacun doit se débrouiller pour défendre et garantir ses propres intérêts, quelque soit le prix à payer pour le peuple et pour l’intérêt général.
Le droit cedant la place aux désirs de la puissance et aux caprices de la frustration.
Le peuple et ses besoins vitaux peuvent toujours attendre !
217 ans d’engrenages des groupes -politiques et d’affairismes socio-économiques , qui nous mettent dans l’incapacité de construire un État digne, un État de droit démocratique, fraternel, égalitaire, qui se protègent par leurs lois, tous les citoyens sans distinction et qui procurent à tous les moyens un environnement de vie digne et honorable.
Cette faillite de l’État et par conséquent de la société qu’il est sensé incarner, a mené notre pays dans une corruption morale dévastatrice avec son lot de complicités et de résignations coupables.
217 ans de haine du savoir, de l’excellence, du mérite et du travail bien fait, nous place aujourd’hui dans une situation de grande faiblesse et d’inquiétante fragilité dans un monde de concurrence, de la connaissance et de l’expertise.
Tout ce temps perdu à entraîner les Haïtiens à détruire au lieu de construire ensemble, à haïr au lieu d’aimer, à humilier au lieu de respecter, à soumettre par la violence au lieu de convaincre par l’intelligence et le coeur, à s’accaparer au lieu de partager , à exclure au lieu d’unir.
Notre existence s’est désormais résumée à une overdose politicienne,
le bonheur et la liberté du peuple attendront.
Après tout, ce peuple lui même ne semble pas très mécontent d’être misérable dans un pays de grandes et diverses potentialités, sur une terre dotée d’immenses richesses, d’être acteur lui même de manipulations politiques et obscènes, indécentes, odieuses, cyniques et perverses.
Alors pourquoi ne pas continuer ainsi?
À moins qu’un jour nos dirigeants et nos politiciens comprennent que la politique, plus on en fait, moins elle existe dans sa légitimité, plus on en joue,moins elle a du sens démocratique, plus on en use, moins elle est utile pour l’intérêt général, plus on la décline moins elle est efficace pour servir le peuple dans son unité politique et juridique.
Ou que le peuple se souvienne qu’il lui suffira de refuser de servir….et d’exiger qu’il soit servi, le voilà libre…enfin, brisant ainsi ses chaines et imposant sa souveraine volonté.
À chacun de trouver des réponses à ces questionnements douloureux.
Pour ma part en tant que citoyen Haïtien je trouve insupportable, honteux, triste et suicidaire que les gouvernants de mon pays ne soient pas capables d’inscrire sereinement et durablement ce pays dans la dynamique d’un état de droit démocratique soucieux de la stabilité, de la justice,de la paix, du respect strict des droits humains et du fonctionnement démocratique des institutions de la république.
Vitalème ACCÉUS
acceus2009@gmail.com