Déclaration de Citoyennes Féministes sur l’initiative « Passerelle »
Mercredi 30 octobre 2019 ((rezonodwes.com))– En tant que citoyennes féministes, nous sommes concernées au plus haut point par la crise multidimensionnelle que connait notre pays depuis de nombreuses années et qui s’est exacerbée à partir de juillet 2016.
La situation qui prévaut actuellement nous inquiète profondément. Nous assistons en effet à un effondrement des institutions étatiques; l’absence de légitimité du gouvernement et le discrédit du parlement dont le mandat arrive à terme sans perspective d’élection; la déliquescence des administrations et services publics, la prolifération de gangs armés à travers le territoire, et la multiplication des violations de droits humains. Au niveau économique, les biens et services deviennent de plus en plus inaccessibles, avec un taux d’inflation de 19,5%, la décote de la gourde, les pénuries répétitives et un monde du travail en stagnation.
Nous sommes préoccupés par cette situation et par son impact négatif sur la vie des populations. Les inégalités s’accentuent et limitent grandement l’accès des femmes aux ressources en éducation, santé, alimentation, emploi et à la justice. Nous sommes soucieuses de leur sort et aussi de celui des groupes marginalisés, particulièrement vulnérables aux chocs socio-politiques environnementales, notamment la paysannerie, les communautés des zones précaires, les enfants, les personnes en situation de handicap.
Nous compatissons avec nos compatriotes des deux sexes qui sont otages des gangs armés et durement affectés par les incidences des troubles politiques. Nous déplorons les inutiles perte en vie humaine. Au cours d’un mois, 30 morts violentes dont 17 par balles ont été recensées lors des manifestations antigouvernementales.
Face à cette crise, le personnel politique au pouvoir a fait preuve de ses incapacités et surtout de son mépris des populations.
Nous, citoyennes féministes, entendons contribuer à toute initiative susceptible d’apporter une solution haïtienne et durable, tant à la crise sociopolitique actuelle qu’aux inégalités socioéconomiques et de genre structurelles qui maintiennent hors-jeu la grande majorité des populations.
Une solution apte à ouvrir la voie à l’ancrage de nouvelles pratiques politiques authentiquement soucieuses de l’intérêt collectif et orientées vers la construction d’un État de droit, démocratique, inclusif et souverain; Une solution prête à œuvrer pour mettre fin au règne de la corruption, du clientélisme, de la gabegie, de l’impunité et de l’exclusion notamment des femmes; Une solution où les droits et libertés sont effectivement garantis; Une solution où la participation, notamment celle des femmes, est au cœur de contrat sociopolitique.
L’initiative « Passerelle » nous semble aller dans cette direction en exigeant un départ ordonné des pouvoirs et une concertation nationale autour du devenir de notre pays. En tant que partie intégrante des mouvements sociaux, nous citoyennes féministes appuyons cette initiative. Nous entendons également être actrices, à part entière, dans l’élaboration du cadre pour le changement que les populations ne cessent d’appeler de leurs vœux depuis le 7 février 1986.
Yolette André Jeanty, Kay Fanm, Coordonnatrice

