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Hommage à un héros tombé pour la dignité nationale haïtienne

Par Evans Paul

Octobre demeure un mois chargé de symboles et de douleurs dans la mémoire nationale d’Haïti. C’est au cours de ce mois, à travers des années et des circonstances différentes, que plusieurs de nos plus illustres héros ont tragiquement disparu, souvent trahis, mais jamais vaincus : Jean-Jacques Dessalines, le Fondateur ; Henry Christophe, le Bâtisseur ; François Capois, dit Capois-La-Mort, le héros de Vertières ; et Charlemagne Péralte, le Résistant face à l’occupation étrangère.

Né en 1886, Charlemagne Masséna Péralte incarne la continuité du combat pour la souveraineté d’Haïti. Officier de l’armée nationale, il refusa catégoriquement de se soumettre aux injonctions de l’occupant nord-américain à partir de 1915.

En patriote lucide et convaincu, il comprit que l’honneur d’un peuple se défend par le courage et choisit la voie la plus noble : celle de la résistance, de la dignité et du sacrifice.

Sous son commandement, des milliers de paysans, les Cacos, se levèrent dans le Nord et le Plateau Central pour défendre le sol de Dessalines. Leur lutte ne visait pas seulement à repousser l’occupant, mais aussi à réveiller la conscience nationale. Péralte fit de la résistance un symbole : celui d’une liberté qui ne meurt pas, même sous la contrainte.

Mais la trahison, comme souvent dans l’histoire des peuples, s’invita dans cette épopée. Dans la nuit du 31 octobre 1919, à Grande-Rivière-du-Nord, l’un de ses lieutenants, Jean-Baptiste Conzé, le livra à l’ennemi. Capturé et assassiné, Charlemagne Péralte n’avait que 33 ans. Son corps, exposé publiquement par les forces d’occupation, rappela tragiquement celui de Dutty Boukman, pendu et exhibé un siècle plus tôt, au même endroit, au Cap-Haïtien par les troupes coloniales françaises. Ces deux scènes d’horreur, séparées par le temps, portent pourtant le même message : on peut tuer l’homme, mais jamais l’idéal de liberté qu’il incarne.

Ainsi, malgré la mort, Charlemagne Péralte devint un monument vivant de la résistance haïtienne. Son image crucifiée sur une porte, censée inspirer la peur, fit de lui un martyr et un immortel de la souveraineté nationale.

Plus d’un siècle après son assassinat, Charlemagne Péralte demeure le visage de l’orgueil haïtien. Il est ce cri silencieux qui rappelle à chaque génération que la liberté a un prix et que l’amour de la patrie exige courage, fidélité et détermination.

En ce mois d’octobre, mois de mémoire et de recueillement, Haïti doit se souvenir :
• que la trahison détruit,
• que la dignité élève,
• et que l’exemple de Péralte continue d’éclairer la route de notre renaissance nationale.

Centre ABC – ATIZAN BON CHANJMAN
Delmas, Haïti
Vendredi 31 octobre 2025

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