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Une enquête menée par le Bureau des Affaires Criminelles (BAC) de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) dévoile de graves soupçons de vol, recel et bris de scellés judiciaires sur des biens placés sous protection de l’État.

Selon un rapport officiel transmis au Parquet de la Croix-des-Bouquets, plusieurs employés du Bureau d’Administration des Fonds Spéciaux (BAFOS) et de la Commission Nationale de Lutte contre la Drogue (CONALD) auraient participé ou facilité le retrait non autorisé de véhicules et de pièces automobiles appartenant à l’entreprise « RJ Rent-A-Car », alors sous scellés judiciaires.

L’affaire débute par une plainte déposée auprès du BAC par le citoyen Oly Damus, représentant légal de l’entreprise « RJ Rent-A-Car », située à Clercine 14, dans la commune de Croix-des-Bouquets.
Celui-ci affirmait avoir constaté, le 17 août 2025, des activités suspectes sur le site placé sous scellés à la suite d’une précédente procédure judiciaire impliquant un dénommé Jacques Simon.

Selon le plaignant, des individus auraient pénétré sur les lieux, brisé les scellés et procédé à la soustraction de plusieurs véhicules, génératrices et pièces mécaniques.
L’affaire a alors été confiée à la DCPJ, qui a immédiatement ouvert une enquête pour identifier les personnes impliquées.

Le 28 août 2025, sur la base d’informations reçues d’une source jugée fiable, des agents du BAC, assistés par la Brigade de Lutte contre le Vol de Véhicules (BLVV), la Brigade de Recherches (BR) et l’Unité de Surveillance et d’Interpellation (USI), ont mené une opération de filature à Clercine 14.

Sur place, les forces de l’ordre ont intercepté un Toyota Land Cruiser blanc, immatriculé BB-01500, à bord duquel se trouvaient deux individus identifiés plus tard comme Jed-Myr Similien et Mario Gusma.
Les deux hommes ont été interpellés et conduits au siège de la DCPJ pour être entendus.

Au cours de leur audition, Jed-Myr Similien et Mario Gusma ont déclaré être respectivement Directeur des opérations et Responsable de la sécurité et du suivi au BAFOS, structure rattachée à la CONALD.
Ils affirment qu’ils se trouvaient sur le site sur ordre de mission de leur hiérarchie et qu’ils n’avaient commis aucun acte illégal.

Selon leurs déclarations consignées au procès-verbal, ils n’étaient « ni en mission privée, ni dans une démarche commerciale », mais exécutaient une inspection liée à la gestion des biens saisis par la CONALD et confiés au BAFOS.
Leur avocat, Me. Dicago Emmanuel, a confirmé ces propos et dénoncé « une confusion administrative » entre les autorités policières et la direction du BAFOS.

Malgré ces affirmations, les enquêteurs du BAC ont relevé plusieurs incohérences.
Les documents présentés par les mis en cause ne correspondaient pas exactement aux ordres de mission délivrés par la CONALD.
De plus, plusieurs témoins ont affirmé avoir observé des mouvements de véhicules et des activités de démontage sur le site, en violation des scellés judiciaires.

Le véhicule à bord duquel les deux employés ont été interpellés, un Toyota Land Cruiser blanc, a été identifié comme appartenant à la liste des véhicules saisis lors d’opérations antérieures de la DCPJ et remis ensuite au BAFOS pour gestion administrative.
Ce véhicule figurait parmi les biens sous scellés de l’affaire « RJ Rent-A-Car ».

Au fil des investigations, les enquêteurs ont découvert des liens entre les employés interpellés et plusieurs autres acteurs de la gestion du patrimoine saisi, dont le Coordonnateur de la CONALD, Carl Henry Péricles, et le notaire Nolair Compère, administrateur du BAFOS.
Tous deux ont été convoqués à plusieurs reprises par la DCPJ, mais ne se sont pas présentés aux dates fixées.

Le rapport fait également état des noms de Dores Célestin, Jean Mary et Ganel Lajeunesse, suspectés d’avoir pris part à la vente illégale de pièces détachées issues du démontage de véhicules provenant du site.
Ces individus auraient, selon la police, servi d’intermédiaires sur le marché informel des pièces automobiles.

Dans ses conclusions, la DCPJ estime que les éléments réunis démontrent « l’existence de manœuvres concertées ayant conduit à la soustraction frauduleuse de biens placés sous scellés judiciaires ».
Le Bureau des Affaires Criminelles recommande que les deux employés arrêtés, Jed-Myr Similien et Mario Gusma, soient déférés devant le parquet pour bris de scellés, vol, recel et abus de fonction, conformément aux articles 44, 45, 46, 207 à 211, 224 et 327 du Code pénal haïtien.

Le rapport suggère également que des mandats d’amener soient émis contre le Coordonteur de la CONALD, Carl Henry Péricles, Nolair Compère, Dores Célestin, Jean Mary et Ganel Lajeunesse pour leur rôle présumé dans cette affaire.

Ce rapport de la DCPJ a été transmis au Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance de la Croix-des-Bouquets, pour les suites de droit.
À ce jour, aucune inculpation officielle n’a encore été annoncée, et les personnes citées bénéficient de la présomption d’innocence.

Cet article sera mis à jour.

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