Dix-huit mois après sa fermeture forcée sous la pression des gangs armés, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), plus connu comme l’Hôpital général, s’apprête à rouvrir ses portes. Présentée comme une avancée majeure, cette décision découle d’un protocole d’accord entre le ministère de l’Économie et des Finances et le ministère de la Santé publique et de la Population.
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a déclaré vouloir « donner un nouveau souffle à la santé publique, assurer la sécurité des familles afin qu’aucun Haïtien ne soit privé des soins de santé à cause de la violence et de l’insécurité ». Mais au-delà des discours, de nombreuses zones d’ombre persistent : où et quand aura lieu concrètement cette relocalisation ? Quelles garanties de sécurité sont offertes au personnel soignant et aux patients ? Et surtout, pourquoi a-t-il fallu attendre un an et demi pour agir ?
L’Hôpital général, considéré comme le plus grand centre hospitalier du pays, symbolise à lui seul l’effondrement du système de santé. Sa fermeture a laissé des milliers de malades sans prise en charge, obligeant certains à se tourner vers des cliniques privées inaccessibles à la majorité. Pendant ce temps, l’État est resté largement impuissant face à l’emprise des gangs sur la capitale.
La relocalisation annoncée ressemble davantage à une solution de fortune qu’à une véritable politique sanitaire. Elle ne règle en rien le problème de fond : l’incapacité des autorités à sécuriser les infrastructures publiques vitales. Pour beaucoup d’observateurs, cette réouverture tardive n’est qu’une tentative de calmer une opinion publique exaspérée, sans offrir de réponses durables à la crise.
Si la reprise des activités hospitalières est une nécessité urgente, elle ne suffira pas à masquer la réalité : en Haïti, l’accès aux soins reste un privilège fragile, suspendu aux aléas de la violence et de l’instabilité politique.
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