La politique de subvention des services publics par l’Etat haïtien profite les riches plus que les pauvres, impacte négativement l’économie du pays, facilite la violation des droits fondamentaux des citoyens et transforme Haïti en un pays qui reste constamment dépendant de la communauté internationale et des transferts d’argents de la diaspora. A travers cet article, Dr. Bobb Rousseau propose une solution pragmatique dont la pleine implantation aiderait Haïti à sortir de la pauvreté et ultimement transformerait les gouvernements locaux en des entités commerciales quasi ou semi-autonomes avec le support de leur société civile respective.
Vendredi 3 avril 2020 ((rezonodwes.com))– Haïti est pauvre et elle devient de jour en jour plus pauvre tant qu’elle continue à subventionner plus de 250 millions de dollars par an pour les services publics et programmes sociaux pour tous les Haïtiens. Le problème ne réside pas dans le fait que le gouvernement haïtien subventionne tous les services publics, mais dans le fait qu’elle subventionne les pauvres et les riches, les particuliers et les entreprises privées.
Tous les citoyens haïtiens, quel que soit leur niveau économique, paient le même prix pour un gallon d’essence, un kilowatt-heure d’électricité, des études à l’Université d’Etat d’Haïti, une course d’autobus et d’autres services. Ces services sont subventionnés au détriment d’autres services qui pourraient aider le pays à sortir de la pauvreté tels que l’éducation, la santé, l’agriculture.
L’une des subventions la plus flagrante est celle des produits pétroliers, l’essence et le diesel, qui reçoit, en dehors de l’électricité, le plus de subventions gouvernementales. La subvention pétrolière est une somme d’argent versée par le gouvernement aux distributeurs ou revendeurs de pétrole afin que le prix d’un gallon puisse rester bas à la pompe. Le prix affiché à la pompe de la station de gazoline est le prix que le citoyen paie pour un gallon d’essence, mais ce n’est pas le prix que le propriétaire reçoit pour ce gallon.
Le gouvernement paie une bonne partie du prix du gallon au citoyen sous forme de subvention pétrolière pour que les transports publics restent abordables pour tous. Cependant, le transport en commun ne bénéficie pas de toutes ces subventions puisque les riches en bénéficient également lorsqu’ils achètent de l’essence pour leurs voitures personnelles et / ou pour exploiter leur (s) entreprise (s). Dans d’autres pays du monde, en particulier dans les pays dotés d’un système capitaliste ou néolibéral, la subvention profite aux plus pauvres. Néanmoins, en Haïti, c’est pour le bien de tous, surtout des riches. La subvention réduit la capacité de l’État à fournir des services publics de base à la nation.
Elle est une perte d’argent au sens qu’elle enrichit les poches des entrepreneurs qui vendent leurs services à l’État tels que NOVUM, DINEPPA, HAYTRAC, E-POWER et SOGENER entre autres. Comme il est actuellement; chaque gallon d’essence vendu en Haïti est de la nourriture sortie de la bouche des pauvres ou permet à quelqu’un de mourir prématurément faute d’accès à la santé, d’hôpital ou de médecin. Ce facteur est la preuve qu’Haïti est mal gérée tant au niveau local que national. Le gouvernement d’Haïti ne comprend pas que le pays ne doit pas subventionner l’essence pour les riches, mais pour fournir des moyens de transport abordables aux pauvres.
Chaque année, alors que le gouvernement perd des millions de dollars en subventions, les besoins de la population augmentent de façon exponentielle. Selon la Banque Mondiale, Haïti a perdu plus de 160 millions de dollars en subventions pétrolières en 2017. Afin que l’État puisse respecter et garantir les droits fondamentaux des citoyens tels listés dès le préambule de la constitution et renforcés par les articles 66 à 88 relatifs à la décentralisation par la déconcentration, Haïti doit se retirer directement des affaires de subventions ou de distribution de services publics. Le pays doit repenser son système de transport public, qui retire plusieurs millions de dollars du budget national, mais, en fait, a de potentiels illimités pour augmenter les coffres du trésor public.
Dr. Rousseau recommande un système de transport public compréhensif où les plus vulnérables recevraient une subvention de transport en fonction de leurs revenus. Ce système serait régional ou communautaire, donc décentralisé et opéré par les gouvernements locaux ou sous forme de partenariats publics-privés entre des groupes de citoyens et les gouvernements locaux.
Ces derniers développeraient des stratégies fiscales pour pouvoir acheter des véhicules ou encourager le secteur privé à mettre des véhicules sur le marché. Les constituants seraient appelés à se rendre au bureau de la Direction Générale des Impôts de leur commune pour faire la déclaration définitive de leur impôt, ce pour déterminer leur éligibilité aux subventions; lesquelles subventions seraient attribuées de manière juste et équitable.
En ce qui concerne le prix de l’essence, les conducteurs paieraient le prix réel par gallon ou sans la subvention de l’État central qui lui-même (l’État) imposerait une taxe sur la vente du gallon. Les taxes perçues sur la vente de l’essence, ajoutées aux subventions qui ne seraient plus accordées aux citoyens, élargiraient le trésor public pour que l’Etat puisse payer ses dettes et mieux servir les intérêts des mandants.
Aussi vrai que le système veut que le gouvernement soit responsable de la prestation des services publics; cela ne signifie pas qu’elle doit subventionner les riches au point de devenir si pauvre qu’il devienne incapable de fournir des services publics de base essentiels à la nation.
Dr. Bobb Rousseau RJJF
Bobb RJJF Rousseau, PhD
Public Policy and Administration
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