
Comme des gamins
du Kindergarten avec des puzzles, des crayons et des bristols pour accoucher
des graffitis tinctoriaux, le régime pyromane en place joue avec les nobles
institutions régaliennes et les dossiers stratégiques de la République comme
des enfants avec le feu.
Jeudi 22 août 2019 ((rezonodwes.com))– Le poste de premier ministre, contrairement à une position honorifique de première dame par exemple, exige expériences pertinentes, largesse d’esprit, vue sectorielle globale, compréhension de la dynamique sociale, économique et politique. Mieux que la présidence, la primature détient les pneus, les coussins, la carrosserie, le moteur, les clés, le volant, pour faire avancer la machine de la stabilité et du développement. Le capitaine de cette deuxième entité gouvernementale doit pouvoir s’entourer des ressources humaines et réunir les compétences requises pour assembler les pièces de la machine, puis la faire fonctionner dans les meilleures conditions.
Les expériences
du passé récent montrent que les tâches, les attributions, les privilèges, les
honneurs, les méandres, les péripéties greffés à ce poste stratégique procurent
des jouissances éphémères et des douleurs durables. De quelques milieux
professionnels ou politiques qu’ils fussent,
les premiers ministres au service de ce dernier régime politique
« extraterrestre » sont tous sortis têtes baissées, amoindries,
diminués, putréfiés.
Alignés comme
des brebis avec les comportements irrévérencieux et déviants des dirigeants de
l’équipe en place, les gentils premiers ministres Lafontant et Lapin ne
vivaient pas dans l’insomnie ; ils ont connu un mariage heureux et
paisible avec la présidence, mais dans l’indécence et l’indignité. Ces têtes
paraissent incapables de reculs et de NON aux demandes infondées de cette
équipe à la vision et au leadership aveugles. Telles sont les raisons qui
justifient qu’ils continuent de porter des couronnes officielles, même en
absence des normes et des principes démocratiques.
Contexte
post-traumatisme exigent, la présidence devait conjuguer dans une alliance
politique « je t’aime, moi non plus ». Les desiderata populaires
soumis par la fureur d’après 6-7 juillet exigeaient un joueur politique du camp
des « faux-amis ». À la faveur de ce contexte sociopolitique
délétère, le vétéran Céant, grand manitou politique, a été promu à la chaise
musicale de la Primature.
Turbulences,
tumultes, persécutions, menaces, déceptions, méfiance, confusions, Céant avait
vu les sept couleurs de l’arc-en-ciel en bon temps comme au mauvais temps. Malgré
sa fougue, sa détermination et son sens de leadership, le numéro 1 de Renmen
Ayiti ne pouvait sortir aucune carte de force, aucune stratégie dominante pour soigner
et sauver son image et son prestige dans cet océan de confusion et de désordres
multiformes.
Vacarme et tohubohu
au quotidien, déceptions et menaces proférées par la Maison Blanche maculée,
cet héritage « massacré » légué par le chef de la bêtise en Haïti, entretenait
une véritable « harmonie » à la tour de Babel entre la primature et
la présidence.
En dépit de
leurs visibles satisfactions et allégresses, les deux premiers ministres
Lafontant et Lapin sont quand même des victimes, car l’histoire ne fait pas de
cadeau. Lorsque l’être est doté d’un brin de sagesse, d’honnêteté et de décence,
les coups reçus, déceptions, mépris et dédains, deviennent plus durs.
Suivez mon
regard avec de nombreux anciens ministres de cette équipe PHTK. Certains sont
restés confortables, malgré les pertes sociales irrécupérables; ils défendent
avec la plus grande audace cette famille moribonde qui les a donnés une
naissance officielle, mais au détriment du minimum de valeur qui leur restait.
Je vous le dis,
en vérité, il y a d’anciens officiels autrefois au service de ce régime, qui
seraient prêts à donner une partie de leur corps en holocauste afin de
retrouver les plaisirs naturels de la vie, l’appétit, le sommeil, la liberté,
la sécurité et la paix intérieure,…
Pourquoi William serait-il un
prématuré ?
Il n’a pas
d’âges, certes. Mais, serait-ce la raison valable pour le classer dans la
catégorie des prématurés ? Non. Car, ce serait enterré la majestueuse
réflexion cornélienne « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le
nombre des années ». Cette thèse cornélienne peut-elle être appliquée au
cas de William ? Absolument pas !
Il n’a pas
l’expérience pertinente ; il n’est pas doté d’une largesse d’esprit pour
visualiser avec science et conscience les complexités des chantiers
multisectoriels que requiert cette position.
Des politiciens,
des intellectuels, des sportifs, des hommes d’affaires, des scientifiques précoces,
Haïti en comptent une panoplie tant au terroir qu’à l’étranger. De nombreux
jeunes se sont distingués à travers de vives discussions, de riches productions
et de mûres réflexions dans le monde culturel, politique et scientifique. Le PM
nominé fait-il partie de cette élite, peut-on l’ajouter à une telle équipe
sélecte ? À la lecture de son CV, les expériences professionnelles[1]
inadéquates de monsieur W. Michel tablent principalement sur des pratiques
quotidiennes de gestions de tableaux de bords, avec principalement deux
colonnes, des entrées et des sorties ; autrement, des actifs et des
passifs. Ces exercices pendant environ quinze ans, au MEF ou au MARNDR, ne sauraient
doter le jeune William d’une vue globale de l’économie, du social et de la
politique du pays. De son état de gestionnaire/comptable, les attributions
dévolues à cet important cadre de l’Administration Publique, ne lui avaient pas
permis de produire des documents, de cerner avec clarté les indicateurs
économiques, de comprendre les rouages des secteurs économiques, politiques et
sociaux.
Un premier
ministre doit être un esprit vif, ouvert, polyvalent, apte à cerner le cachet
multisectoriel des projets de société. On ne saurait demander qu’il soit un pic
de la Mirandole ; mais, il doit être d’une formation et d’une expérience adéquates,
un bon capitaine, de telle sorte qu’il puisse visualiser tous les compartiments
du terrain.
Pourquoi victime consentante ?
En effet, peu
importe la tête choisie, qu’elle soit terrestre ou céleste, ce chapeau de
premier ministre, dans ce contexte de méfiance généralisée, ne pourra lui seoir.
Le politicien le plus madré, l’expert le plus compétent et polyvalent, l’âme la
plus fascinante ne peuvent rien pour ce régime en putréfaction, en phase d’un
cancer terminal. Le ver étant dans le fruit, personne n’y peut rien pour sauver
l’incrédule Jomo. Qu’il soit blanc ou noir, homme ou femme, démocrate ou républicain,
brésilien ou argentin, pro Real ou pro Barca, aucun être ne peut réfléchir un
coup magique pour sortir un roi tête relevée dans un contexte d’échec et mat. Pas
moyen de gagner une partie de dominos lorsque les sept doubles sont logés dans
vos mains. Dans ce contexte de banditisme d’Etat, d’indécence, d’indignité, de
confusion, d’amalgame, de corruption et de cupidité à outrance de ce régime
politique inculte, l’échec n’est pas juste prévisible. L’échec est décidément le
maître-mot de quiconque prend les règnes
de cette administration pourrie jusqu’aux tripes. Cancer, cardiopathies,
maladies infectieuses, anémie falciforme, broncho pneumopathies chroniques
obstructives, diabète et insuffisances rénales rongent cette équipe politique, en
coma ; celui qui se marie avec elle, choisit tout bonnement de se faire
victime consentante.
Nécessité de recommencer une nouvelle partie
Les
considérations professionnelles isolées, aucun être, qu’il soit terrestre ou
céleste ne peut sortir ce régime de cet échec et mat. Que peut William ou tout
autre PM dans les dossiers importants épinglant la présidence avec ses compères
ou ses commères ? PetroCaribe, Dermalog, Mercenaires, munitions, calibres,
banditisme d’Etat, insécurité, le cancer est à son stade terminal. Aucun premier ministre ne pourra sortir la tête de l’eau
s’il se plonge dans le bassin de confusion alimenté par ce régime inculte.
Le jeu est vicié,
pourri avec de mauvais joueurs et des anti-jeux. Dans ce contexte, il n’est
plus à démontrer qu’Haïti ne peut remporter aucune victoire. Une nouvelle
partie doit recommencer avec la décence, la probité, la dignité pour donner des
bouffées d’oxygènes à la population asphyxiée par les pollutions produites par
ce régime. La présidence aurait une belle carte à jouer ; celle d’entrer
dans sa conscience pour inviter les forces vives et honnêtes du pays à prendre
la main. Ainsi, elle aurait bénéficié de circonstance atténuante.
Aujourd’hui, on
se bat pour s’asseoir « confortablement » sur des fauteuils bourrés
avec la certitude que vos valeurs et vos vertus, s’il en restait, vont en
pâtir. Pourquoi donc se jeter tête baissée dans cette boucherie ?
J’ai vu de belles
têtes, des professionnels chevronnés, respectés, des épicuriens, des
« viveurs », perdre leur enthousiasme pour la vie, après leurs
macabres expériences avec ce pouvoir. Ils ne peuvent plus jouir des rencontres
amicales avec des éclats de rire à gorge déployée ; plus de spectacle en
public, plus de match, même si Duckens Nazon et Wilde Donald Guerrier sont dans
leur meilleure forme, pas de concert même si Wyclef Jean défilerait au Champs
de Mars. Finis les bains de foule, finis les plages sans un cortège d’agents de
sécurité, fini la belle vie.
Les hommes et les
femmes myopes semblent ne pas appréhender le caractère éphémère des privilèges comparé au caractère
éternel des déceptions et des dommages physiques et psychologiques qui vont
avec les postes officiels, sous ce régime indécent.
A quoi sert-il donc à des hommes et des femmes d’amasser
de la richesse ou des titres officiels s’ils ne peuvent vivre en paix avec
eux-mêmes et avec leurs familles. Il ne devrait y avoir aucune motivation,
aucune détermination, aucune explication convaincante à s’entêter de décrocher
des titres de dignitaires, sans dignité.
Carly Dollin
carlydollin@gmail.com
[1] https://www.slideshare.net/Stanleylucas/curriculum-vitae-fritz-william-michel