Dans une lettre au président du Grand Corps, Joseph Lambert, le sénateur de l`Ouest, Jean Renel « Zokiki » Sénatus, qui veut donner sa contribution dans la lutte contre la corruption, exige des explications claires sur diverses actions menées par les membres de l`administration Moise-Lafontant et réclame dans la même foulée que soit constituée illico une commission spéciale d’enquête sur les fonds utilisés dans la stratégie de la « karavan chanjman »

Port-au-Prince, lundi 19 février 2018 ((rezonodwes.com))–

Monsieur Joseph Lambert
Président du Sénat
En ses bureaux.-

Objet : Prévention et Contrôle Parlementaires sur les fonds engagés dans le cadre de la « Karavan Chanjman »

Monsieur le Président,

En ma double qualité de Sénateur de la République et Président de la Commission Justice et Sécurité Publique du Sénat, je me fais le devoir d’attirer votre bienveillante et patriotique attention sur certains faits criants et qui nécessitent une urgente intervention.

En 1903, sous la présidence de Nord Alexis, une enquête impliquant des Agents de la fonction publique dont des ministres, pour des infractions de crimes financiers dont malversations et détournements de fonds publics, soit à peu près vingt millions de dollars us, ont été engagés en marge de la loi, ce qui allait occasionner le fameux procès de la consolidation.

Que lors de la chute de la dynastie des Duvalier, certains journaux tant d’Haïti que d’ailleurs font état de plusieurs millions de dollars dilapidés et déposés dans des banques étrangères sans omettre les bénéficiaires de ces richesses illicites du terroir.

Que sous la roulette de l’ex Sénateur Paul Dénis, une enquête avait été menée sur la gestion du régime Lavalas allant de février 2001 à février 2004 car deux milliards de gourdes auraient été volatilisées vraisemblablement détournées, que jusqu’à date ces informations ne sont pas encore confirmées ou infirmées par les instances compétentes.

Monsieur le Président, au courant de l’année législative de 2016, la Commission Ethique Anti- corruption du Sénat a engagé une enquête autour des fonds Petro Caribe a crié au scandale indexant l’administration de l’ex- président Martelly de corruption. Qu’un rapport a été rédigé par ladite commission permanente tandis que notre commission spéciale allait être constituée en vue d’approfondir ce premier rapport. Un deuxième document a vu le jour sous la présidence de l’Honorable Evaliere Bauplan.

Induit en erreur par certains de nos Pairs, une séance hors-norme a été organisée par votre honneur pour tenter d’enterrer les dits rapports à la Cour des Comptes et du Contentieux Administratives qui par ailleurs n’a aucunement la compétence pour statuer sur des faits de corruption alors que deux de ses membres sont épinglés dans le rapport initial et… hélas ;

Que la corruption est reconnue par le président de la République comme le plus grand mal qui fait obstacle au développement de notre patrie commune et c’en est effectivement une réalité.

Monsieur le président, la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti a porté à la connaissance du public récemment qu’elle a récupéré des chèques zombis totalisant près de cinquante millions de gourdes, (ref: le nouvelliste du 26 janvier 2018) et j’ai cru n’avoir jamais entendu parler d’arrestation des auteurs, co auteurs et complices de ces états de fait;

Dans la même foulée, j’ai entendu le Ministre de l’Education Nationale déclarer dans la presse avoir récupéré des chèques zombis totalisant près de cent vingt-deux millions de gourdes au niveau de son Ministère (ref. radio métropole 29 janvier 2018) et je crois pas avoir entendu parler des actions du Commissaire du Gouvernement dans cette espèce. Les bénéficiaires de ces chèques, qui sont-ils? Pourraient-ils s’agir des proches ou protégés des grands pouvoirs de l’État couverts de drap de l’impunité?

La corruption qui gangrène notre faible économie rend notre pays très vulnérable et nous écarte, chaque jour, de l’accomplissement des 17 objectifs de développement durable (ODD) que les Nations Unies se sont fixés d’atteindre d’ici 2030. Pas d’hôpital, pas d’infrastructure, pas de politique publique en matière de sécurité, pas de politique d’intégration de la jeunesse et les familles sans laisser pour compte, « nou nan dèyè kabwèt la ».

Honorable président,

Je suis informé par voie de presse des actions de la présidence engagées sous le couvert de « karavan Chanjman ». Sans être encore touché des résultats de cette initiative, je pense qu’elle pourrait être utile au pays dans la mesure où aujourd’hui tout est priorité en Haïti. Cependant, j’ai cru avoir entendu le président dire dans la presse qu’il a contracté un crédit de Cent vingt-trois millions (123 millions) de dollars USD pour faire l’acquisition des matériels devant servir à la cause de la ‘karavan’; sans faire état des modalités de passation de ce marché et encore moins des modalités de remboursement des crédit que les petits fils de la nation, au même titre que le Fonds Petrocaribe, auront à restituer.

Monsieur le président, il est un proverbe français qui veut que : « le chat échaudé craint l’eau froide » tandis que sans notre vernaculaire on dit « kote ki Gen gran moun timoun pa jwe ak dife ».

Voulant jouer mes attributions de contrôle, pourquoi je vous demande de bien vouloir permettre qu’une commission spéciale d’enquête sur les fonds utilisés dans la stratégie de la ‘ karavan chanjman ‘ soit illico, constituée, pour que le Grand corps puisse s’assurer du respect des intérêts supérieurs de la République, notre Mandante.

Espérant que le bien fondé de ma démarche sera saisie, recevez, Honorable Président, l’expression de mes hautes inquiétudes.

Jean Renel SENATUS, AV
Sénateur de la République

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