Port-au-Prince, jeudi 8 février 2018 ((rezonodwes.com))– Il fut un temps où le nom d’Haiti était sur toutes les lèvres dignement. Aucun étranger n’osait parler de nous en tenant , à notre endroit , des propos irrévérencieux qui ne nous ressemblent pas. De nos jours , on nous traite de tous les mots , on nous attribue tous les actes malhonnêtes. On nous voit comme un peuple insignifiant ; un bon à rien. Inférieur en guise de libérateur d’autres peuples qui subissaient toutes sortes de pressions de la part de leurs oppresseurs.
Qu’est-ce qui est à la base de cet irrespect ?
On n’a pas à se triturer les méninges pour trouver la réponse. Elle est juste à côté de nous ou autour de nous. Les étrangers disent du mal de nous en raison de nos comportements ou de nos attitudes vis-à-vis de nous-mêmes. Nous pratiquons l’hypocrisie , le mépris , la haine , l’égoïsme et l’ambition de devenir riche à tout prix au détriment des autres.
Nous pouvons inverser la tendance si nous décidons brusquement de prendre conscience de notre état en nous souvenant de la geste héroïque du 18 novembre 1803. Nos ancêtres avaient compris la nécessité de se mettre ensemble pour parvenir à la conquete de cette terre ; un héritage légué au prix de leur sang. Nous devons encore penser à leurs combats ; leurs luttes. Dépourvus de moyens adéquats , ils avaient trouvé consensus autour d’un mot » l’unité » pour nous offrir notre liberté et notre souverainneté de peuple. Ce fut une indépendance conquise dans la douleur , ce fut aussi un acte de bravoure. Grande fut la fierté des noirs et des mulâtres. Cette union sacrée peut aujourd’hui nous servir de guide ou d’exemple dans nos agissements.
En dépit du fait que nous sommes conscients de l’état actuel des choses , nous n’arrivons pas à nous entendre sur notre avenir et sur le devenir du pays que nous aimons tous. N’est-ce pas que nous travaillons à notre auto-destruction ? Comment arrêter cela ?
Des heures et des heures de réflexions laisseraient croire qu’on était faits pour s’entredéchirer , s’entretuer , se chamailler. On n’était pas faits pour s’entendre et se comprendre. D’aucuns pourraient trouver cela simpliste. Dans les lettres qui forment le nom des habitants d’Haiti , on y découvre un verbe qui explique tout. Dans haïtien , il y a trois lettres du verbe haïr. Haïr les siens , voilà. On ne s’aime pas comme des fils et filles d’une même patrie. On souhaite toujours l’échec ou la fin de l’autre , on veut tout faire pour détruire ceux qui ne sont pas du même avis que nous. On veut s’enrichir au détriment des autres. Nous avons un problème majeur , nous attendons que le pays nous offre des opportunités sans chercher à en créer au profit de la collectivité. Bref, nous sommes des haï-siens ( haïtiens).
Wadson Désir
Le penseur