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Samedi 11 novembre 2017 ((rezonodwes.com))– Après le départ des DUVALIER le 7 février 1986, Haïti allait être le théâtre d’une prolifération de partis politiques. Le pays est passé du bipartisme qui prévalait depuis très longtemps et du parti unique au multipartisme. Profitant du climat de bamboche démocratique décrété par le CNG d’Henry NAMPHY, des haïtiens présents à la capitale ou venant de la diaspora se veulent être des leaders politiques. Le refrain à l’honneur était: changement, démocratie, Haïti libérée.

Profitant d’une ère d’attentisme politique, de populisme et d’opportunisme, plusieurs leaders et pseudo-leaders, connus et inconnus, se veulent être tous des marchands d’illusions et multiplient leurs promesses fallacieuses à un peuple bon enfant.

Plus de trente ans après le déracinement de la dictature, la situation politique du pays n’est pas différente. Au lieu d’être l’affaire des hommes capables, la politique reste l’affaire des incongrus, des hommes sans culture, des imbéciles. Autrement dit, Haïti est le pays où tout le monde pense pouvoir faire de la politique. Quelle illusion !

Dans sa conception de la politique, Platon a élaboré une théorie d’une valeur incontestable, c’est celle des philosophes Roi. Pour Platon, la gestion de la cité doit être réservée aux philosophes car ce sont eux qui sont capables de réfléchir l’avenir prospère des citoyens et faire régner le vivre ensemble, ou encore rendre effective la cohésion sociale. Pourtant, le discours politique en Haïti est porté par des militants qui n’ont aucune motion de gestion de la chose publique.

Cette situation fait qu’aucun homme de parti n’accède au pouvoir depuis trente ans en Haïti. Des illustres inconnus, des analphabètes arrivent comme des météores et investissent la magistrature suprême de l’Etat. Voilà pourquoi Haïti est dans cette situation de déshérence.

En Haïti, la rue est toujours au centre des décisions politiques. Des manifestations récurrentes, des analyses abracadabrantes des gens qui se réclament d’analystes politiques sont monnaie courante. Mais rien n’a changé depuis plus de trente ans. Quelle en est la cause ?

Il faut sortir la politique de la rue pour la porter sur la table des grandes discussions intersectorielles, il faut la sortir de la rue pour la mettre au cœur des grandes discussions interétatiques. Il faut sortir la politique de la rue pour la mettre sur la table des professionnels de la politique. Il faut remplacer la militance par la compétence, le crétinisme par la culture. La politique doit être l’apanage des politologues, des juristes, des sociologues, des anthropologues. En un mot, la politique doit être l’affaire des intellectuels.

Dieff DERICE, Politologue
Membre de la SHSP
dieffderice@yahoo.fr