par Marc Donald Orphée
Mardi 5 décembre 2017 ((rezonodwes.com))– La perversion actuelle d’Haiti est à la fois alarmante et arrogante. On y retrouve la banalisation des mœurs et l’exacerbation de l’insolence érigées en valeurs et qui conduisent le pays vers la fange, vers une décrépitude déroutante, laquelle traduit une espèce d’anomie, où il y a la prise en compte outrancière de la vulgarité et la banalisation heureuse du respect, de l’ordre et l’instauration de l’injure comme essence discursive.
L’injure devient, actuellement en Haïti, le moyen de se faire aduler, de se faire accepter… Désormais, il devient normal d’être mal poli, d’être impudique, et ça apporte de la reconnaissance.
J’admets que les générations passées ont toujours flirté avec l’injure, avec les limites du tabou, mais dans notre pays on n’a jamais aussi outragé les gens par l’insulte. Et ce qui est désastreux, l’insulte est devenue une parole nationale, caractérisant la revanche, la divergence, le mépris, le désaccord. La parole contestataire d’un farouche opposant haïtien est une insulte.
La parole officielle du président, à une virgule considérée, frise l’insulte. Au niveau musical, la parole polémique est, dans la majorité des cas, une insulte, une attaque à l’honneur de l’autre. Les thèmes pudiquement évoques font bonne fortune au niveau de l’opinion populaire. Par le court chemin de la vulgarité lubrique, n’importe qui parle à la télé et peut être rangé du même coup au rang de star.
Cette effusion furieuse de l’injure , si nous n’en prenons pas garde, peut basculer la société haïtienne vers un chaos insoutenable. Car elle alimente vivement la déchéance sociale à laquelle le pays est en butte.
Et pour endiguer sa course, il faut que les écoles du pays assurent leur rôle d’éducation et de médium au savoir être, sans quoi la vie harmonieuse en société est chimérique. La famille a aussi son rôle dans ce processus. La famille doit jouer sa mission d’éducation des progénitures. Puis, l’État, dans le soucis d’harmoniser le corps social, doit condamner la violence verbale, l’injure.
On doit se ressaisir pendant qu’il est encore temps.
James Marc Donald ORPHÉE