par Wadson Désir

Jeudi 15 février 2018 ((rezonodwes.com))– Le Président des Etats-Unis s’est arrogé le droit de qualifier notre chère Haïti de  » Shithole country  » , cela a soulevé la colère de bon nombre d’haïtiens , où qu’ils soient et quels qu’ils soient. C’est bien de se mettre debout pour remettre Donald Trump à sa vraie place. c’était une bonne occasion de dire aux autres dirigeants , à l’échelle internationale , de ne pas se permettre de balancer n’importe quoi aux oreilles des fils et filles de la Première République Noire Indépendante au monde.

Il nous fallait sortir nos griffes et faire entendre nos voix en défendant une cause juste et noble : la réputation et l’image de marque de notre pays. Mais , qu’avons-nous fait pour forcer nos autorités à prendre en charge nos 27, 750 km2 représentant la superficie du pays ? Avons-nous des dirigeants qui ont de l’autorité , en fait ? Nous sommes dans quel Etat ?

Un ancien président qui a décidé de revenir à sa passion qu’est la musique n’a pas manqué de proférer des insultes à l’endroit de tout le monde ou presque. Michel Joseph Martelly n’a fait montre d’aucun respect pour son successeur , Jovenel Moise , encore moins pour les institutions républicaines. Le comité national du carnaval , la police nationale et les autorités municipales savaient que les festivités allaient se terminer à trois (3) heures du matin , c’était le contraire de ce qui était prévu. A la base du non-respect de cette mesure, le groupe Sweet Micky. Un char musical ; à bord duquel se trouvait un ex-Chef d’Etat , prenait la décision de redéfinir son parcours , sous le regard passif ou impuissant des policiers qui assuraient la sécurité des centaines de milliers de personnes venues , tous azimuts , se déhancher au Champ de Mars de Port-au-Prince.

Michel Martelly voulait à tout prix aller à Carrefour pour continuer à débiter des propos grossiers au rythme de sa meringue carnavalesque intitulée  » 100 Betiz « . Il a trahi son poulain sur le parcours. En face du stand présidentiel où s’amusaient Jovenel Moïse et son épouse Martine Moïse , l’ancien locataire du Palais National faisait un stop pour saluer le couple présidentiel et du coup lancer des invectives à l’endroit d’une icône de la presse haïtienne , en l’occurrence Liliane Pierre Paul assurant les rôles de Directrice de la Programmation et de Présentatrice vedette de  » Jounal 4 trè  » sur les ondes de Radio Kiskeya.

Un manque flagrant d’élégance et de politesse dont il a fait montre en face de la Première Dame qui avait , dans un tweet , appelé au respect de l’intégrité physique de la femme dans le cadre du défilé lié au carnaval de cette année. Grande fut la déception ou la stupéfaction de Madame Moïse. Michel Martelly , un spécimen rare , est un drôle de zèbre. Grosso modo , il est imprévisible. Rien ne pouvait l’arrêter sur son passage. Il n’entendait pas rebrousser chemin car , de par son style , il n’y avait personne qui pouvait l’intimer l’ordre de rentrer chez lui. Il voulait ainsi défier ceux qui s’autoproclament dirigeants du pays. Il n’y a qu’un seul chef , c’est lui. Il a placé un pantin , un fantôme ou encore un fantoche au Palais National , il n’a pas à se soucier de lui en termes d’autorité et de respect comme premier mandataire de la nation.

Pourquoi parle-t-on toujours de restauration de l’autorité de l’Etat ?

Depuis la chute du régime dictatorial des Duvalier, on assiste à un Etat affaibli , mis en déroute ; bref défié par de simples individus possédant une grande gueule. La voix de l’Etat haïtien n’a pas d’effet. Personne ne fait cas de ce que disent les autorités étatiques ; comme si elles n’étaient pas. Quand l’Etat prend des mesures ou fait une annonce , on doit se plier à ses injonctions pourvu que cela ne vise pas à protéger ou à défendre les intérêts d’un groupuscule.

Il nous faudra mettre du temps pour voir rétablir cette autorité de l’Etat dont on parle sans cesse. Nous aurons un Etat fort lorsque nous prendrons le temps de scruter le profil des hommes et des femmes qui vaudront que nous leur confiions le pouvoir. Nos futurs dirigeants devront être des modèles pour les générations à venir afin d’éviter ce genre d’accidents de parcours de l’histoire ayant permis à des cas d’espèces rares d’accéder au fauteuil présidentiel et banaliser ainsi la fonction de Président de la République. Le peuple ne devra pas être myope et ne devra pas avoir des œillères pour comprendre qu’il faudra donc confier la gestion de la chose publique à une nouvelle génération d’hommes et de femmes honnêtes , consciencieux , soucieux du devenir du pays , à tous les niveaux.

Wadson Désir