Les haitiens ont « souillé notre sol pendant 22 ans » et c’était « humiliant« , écrit le président Danilo Medina, dans une lettre ouverte adressée à ses concitoyens à l’occasion du 174ème anniversaire de l’Indépendance de son pays.
Les dominicains n’ont-ils pas tiré assez de revanche en 1934, lors du massacre en toute impunité des haitiens à la frontière ?
N’en ont-ils pas tiré assez quand l’économie haïtienne est aujourd’hui dépendante de la leur avec l’invasion de leurs produits (de qualité inférieure) sur nos marchés ?
Que veulent-ils davantage quand depuis une décennie, ils influencent directement le choix du locataire du Palais National, qui, obligatoirement, doit traverser la frontière avant toute prestation de serment pour recevoir « sa feuille de route » ?
Le savent-ils que les haitiens savent qu’une bonne partie de fonds détournés de PetroCaribe, sont englobés par des firmes dominicaines montées à cet effet et en toute complicité avec Bellerive, Lamothe, Laleau…
Palais présidentiel dominicain, dimanche 25 février 2018 ((rezonodwes.com)).-Cette petite phrase intelligemment insérée dans la lettre du président Medina, tentant de modifier le cours de l’histoire, à elle seule, suffit pour attiser la haine et encourager ses compatriotes à se retourner contre les haitiens dont la plupart vivent illégalement chez eux.
A 2 jours de la célébration du 174ème anniversaire de l’Indépendance de la République Dominicaine arrachée (pacifiquement) des mains d’Haïti, contrairement à nous autres qui avons dû, inévitablement, passer par les épineux chemins de Vertières, le président Danilo Medina a félicité dimanche son peuple pour les réalisations obtenues en 174 ans de la fondation de la République dominicaine et à travers un message, a manifesté un plein d’admiration, de respect et de vénération à l’égard de tous les patriotes de l’indépendance nationale.
Toutefois, il a mentionné que « Notre Nation a émergé à la date du 27 février 1844 grâce au désir de liberté animé par Juan Pablo Duarte et les trinitaires qui, en toute discrétion et dans le secret, ont répandu la semence de la libération, pour mettre fin aux 22 années d’occupation humiliante haïtienne qui a souillé notre sol« .
« Nuestra nación surgió aquel 27 de febrero de 1844, gracias a las ansias de libertad generadas por Juan Pablo Duarte y Los Trinitarios, quienes con discreción y sigilo esparcieron la semilla de la liberación, para poner fin a los 22 años de humillante ocupación haitiana que mancillaba nuestro suelo« .
Le 27 février 1844, selon les pages de l’histoire d’Haïti, il n’y aurait aucune lutte sérieuse et acharnée menée par les dominicains pour déclarer leur indépendance d’Haïti, car le président Jean-Pierre Boyer qui avait annexé la partie Est de l’Île de Saint-Domingue, le 9 février 1822, n’avait jamais considéré la présence de l’armée haïtienne, forte de plus de 50 000 hommes comme une invasion militaire, mais plutôt une invitation à décourager les ambitions de l’Espagne.
« Parler d’occupation humiliante d’Haïti« , c’est la manifestation directe de l’hypocrisie des dirigeants dominicains cherchant depuis toujours à tirer les ficelles afin d’influer sur les décisions politiques haïtiennes, du même coup prendre leur revanche sur les 22 ans d’un « protectorat« , qui selon de nombreux historiens, leur était favorable.
Aujourd’hui, les dominicains, qui ont tout de même le mérite d’avoir réalisé beaucoup de progrès en 174 ans d’Indépendance, alors que nous autres, l’ancien Occupant, végétons encore dans la misère enracinée, la propagande, le mensonge, la démagogie, l’impunité… et pire entre autre chose, la corruption institutionnalisée, sans aucune honte et état de conscience de notre situation ; éprouveraient peut-être de la difficulté à se débarrasser des espagnols en février 1844.
Il faut noter que l’idée d’indépendance commençait à germer chez des révolutionnaires dominicains qui ne pouvaient plus supporter l’idée qu’ une Port-au-Prince troublée et une Haïti en guerre avec elle-même à la chute de la présidence à vie de Boyer, le 13 février 1843, demeure encore la capitale politique de l’île.
L’administration de Rivière Hérard qui luttait pour se maintenir au pouvoir, avait fini par négliger la partie Est qui en a su profiter le 27 février 1844 pour se détacher définitivement d’Haïti.
« Occupation humiliante« , seuls les dominicains en ont le secret car aujourd’hui l’élève a largement dépassé le maître manifestant de jour en jour sa dépendance à cause de l’imposition à sa tête de dirigeants à moralité douteuse se croyant vraiment aux commandes quand ils ne gouvernent presque rien, à part enfoncer le pays dans la misère.
Pauvre Haïti !