Fierté, honneur, explosion de joies et d’allégresses, euphories, extasies,
satisfactions et jubilations devaient être les fruits à déguster suite à une
nomination au plus haut niveau de l’Etat. Pourtant, les expériences récentes
montrent qu’hormis le titre « honorifique », le malheureux nominé ou
nommé de ce régime perd son prestige, son image, sa classe, ses vertus et ses
valeurs.

Samedi 3 août 2019 ((rezonodwes.com))– Une analyse classique avantages-coûts, sans même entrer dans les détails algébriques fins, montrerait avec clarté que sous l’administration politique actuelle, les privilèges et les bénéfices pécuniaires procurés par les postes officiels tels que ministres, premiers ministres,  conseillers spéciaux ou chefs de cabinets n’arrivent pas à compenser les coûts sociaux et les effets négatifs drainés par de telles positions.  Une simple rétrospection sur les deux dernières années permettrait de cerner, pour de nombreux cas, les pertes et les déficits graves encaissés par d’anciennes belles têtes de la République.

Qu’ils proviennent du secteur public, de l’université ou de la politique, une panoplie de citoyens seraient prêts à payer des millions, voire amputer une partie de leurs corps, pour faire oublier leurs expériences lamentables et amères occasionnées par leurs promotions politiques regrettables. Ils sont légions, les citoyens à se perdre dans les fantasmes et les désillusions de retourner à la case départ, au stade professionnel initial de professeurs, notaires, médecins ou spécialistes indépendants, quitte à ce qu’ils devraient gagner très peu d’argent. Dans leur farouche myopie occultant leurs cultures scientifiques, leurs capacités d’anticipations et leurs connaissances des histoires anciennes et modernes de l’humanité, il a fallu des expériences personnelles désagréables à ces cadres malheureux pour déduire que ni le pouvoir ni l’argent ne peut garantir le bien-être et le bonheur. Aligné dans cette équipe politique kwashiorkor emmenée par l’amuseur public « Michele Martala », le personnage technique ou politique en serait-il sorti grandi ou affaibli ? Pour un éclairage limpide, passons en revue certaines expériences récentes.

De prestigieuses
carrières souillées au cours de l’éclair PHTK

Personnage respecté, figure de proue de l’université, le professeur Wilson Laleau s’était mis au service de son pays pendant de nombreuses années en y apportant une énorme valeur ajoutée dans la formation de l’élite intellectuelle du pays. En acceptant de siéger dans le bateau titanique de ce régime politique, l’ancien vice-recteur, encadreur de nombreuses thèses au CTPEA, à l’UNIQ, à l’INAGHEI, dialecticien de grand acabit et promoteur des initiatives d’épanouissement de la jeunesse ne s’est-il pas dépouillé de ses rares vertus, de ses pensées libres et affranchies, de sa liberté et de son comportement épicurien. En dépit de ses multiples chapeaux officiels de ministre, à plusieurs reprises puis de chef de cabinet de la présidence, cette belle âme scientifique et ce modèle de citoyen a été putréfié et englouti par un parti politique inculte, cupide et sans vision. Par une avidité politique lui obstruant la vue face aux dangers et aux périls à la Primature, le notaire Céant, candidat solide à la présidence lors des dernières élections, s’était jeté avec émotion et précipitation et sans gilet de sauvetage, dans un océan de discorde, de comédie et de mal gouvernance.

Cinq mois de turbulence dans un avion confus et perdu dans les nuages, le notaire encaissait des menaces et des humiliations à nulle autre pareille ; il aurait même failli laisser sa peau sur la chaise bourrée de la Primature. Expérimenté, doté d’une grande humilité, l’ancien directeur général de l’IGF, le sage Salomon a été promu à la tête du MEF. Au vu des résultats, des décisions économiques erronées et de certains scandales financiers l’indexant, Salomon était-il animé de jugement et de bon sens pour prendre les rênes des finances du pays, sous cette administration inculte et minable ? Après sa promotion au MEF, pour substituer à Patrick Salomon, Ronald arrivera-t-il à savourer, en toute quiétude, les plaisirs, les fêtes et les concerts du mois de Décembre ?  Avec des taux d’inflation spectaculaires et des taux de change sans précédent,  le désordre macroéconomique battait déjà son plein, avant la prise de fonction de ces argentiers de la République. Pourtant, malgré leurs nombreuses années d’expérience dans le secteur économique, notamment au sein du MEF comme secrétaire d’Etat ou directeur général, Patrick et Ronald n’ont pas su contribuer à stopper l’hémorragie. Les indicateurs deviennent encore plus rouges ; la misère de la population a amplifié.

De ministre de la Culture au fauteuil bourré de la Primature, Jean Michel
n’aurait-il exprimé aucune peur devant un Lapin croisant son chemin quand on
sait qu’il a été sifflé même dans l’évènement public serein de Livres en Folie ?
Des entrées et des sorties « crabes » à la salle de comédie du
Bicentenaire, monsieur Lapin a affiché petitesse et maladresse en s’entêtant,
sans succès, à présenter sa « politique générale ». Couleuvre
difficile, voire impossible à avaler, soutenaient les quatre sénateurs de
l’opposition, ce passage forcé de ministre à premier ministre ne respectant pas
les principes et les normes démocratiques, a été rejeté d’un revers de main par
les « pères conscrits ». Un premier ministre amorphe, fébrile, sans bénédiction
du parlement, sans autorité, sans nom, Jean Michel s’ajoutait à la triste liste
des victimes et des comédiens du régime politique actuel.

A tort ou à raison, les noms de ces personnalités sont gravés dans les
crimes financiers du PetroCaribe et d’autres forfaits commis sur la nation
haïtienne. A l’exception des jouissances et des privilèges officiels
temporaires, que reste-t-il donc à ces cadres du pays embourbés dans un système
inique et inefficace ?

Nul besoin d’argumentaires plus approfondis, de chiffres, de statistiques,
de séries chronologiques ou en coupe instantanée pour comprendre et anticiper
que le projet personnel d’accéder à un haut poste de l’exécutif, dans l’état
actuel des choses, ne sera jamais rentable. A la lecture des tableaux de bord
individuels ou collectifs, les points négatifs l’emportent toujours sur les
maigres aspects positifs.

Perte de paix intérieure, troubles de conscience, marginalisation, peur
bleue, perte d’image et de prestige, ce sont pour le moins la résultante des
expériences fracassantes et discordantes avec ce  régime accouché par un érudit, sinon le
champion de la bêtise en Haïti.

William Michel, une
carte de jeunesse à effet nul

Mon cher William, « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le
nombre des années », est-ce votre cas ? Votre nomination pour une
promotion à ce poste officiel sollicitant maturité et perspicacité fera-t-il de
vous un héros Cornélien ou au contraire un sacrifié et un dindon de la farce
présidentielle ? Si cette jeunesse savait apprendre des histoires récentes,
si cette jeunesse savait anticiper, si cette jeunesse savait prévoir, elle
aurait brandi de manière ferme ou diplomatique un NON pour ne pas se vendre au
diable et se jeter dans les poubelles de l’histoire.

Cette nouvelle stratégie présidentielle est une carte déloyale, un jeu manipulé
et motivé par l’ambition politique et l’égocentrisme de maintenir et pérenniser
un pouvoir chaotique envers et contre tout. Jouer sur la corde sensible de la
jeunesse ou de la gente féminine ne peut garantir une résurrection à ce régime
qui a déjà vu chanter ses funérailles infanto-juvéniles. Le ver est dans le
fruit. Il n’y a pas moyen de sauver le soldat Jomo. Déjà trop de gabegie, trop
de malversations et de prévarications, trop de méfiance, trop de désordre, trop
d’injustice, trop de cacophonie, trop de comédie, trop de crise. Jeunesse,
enfance, vieillesse, aucune catégorie n’y peut rien au sauvetage de ce régime. Le
choix d’un quasi quadragénaire comme chef de gouvernement est une manœuvre de
diversion supplémentaire ; encore des stratégies de procrastination qui
donneront quelques jours et quelques heures supplémentaires au président à la
Maison Blanche maculée de la République.

Dans des temps de médiocratie et de gabegies comme celui-ci, la sagesse
commande de garder des distances dans les prises de fonction. Le juste, le
sage, l’avisé, l’intelligent n’est pas celui qui profite toujours de toutes les
occasions quelles qu’elles soient ; mais c’est aussi et surtout celui qui
sait quand s’abstenir. Se mettre au service de son pays est une initiative
noble et encourageante ; mais, le bon sens ordonne de ne pas faire
l’amalgame entre servir son pays et servir un groupuscule indexé de tous les
maux et qui devrait se basculer sous peu dans les oubliettes de l’histoire.
Comme Lucifer, ces têtes et ces cœurs mal battus ne souhaitent pas se rendre à
l’enfer, en solo. Ils draineront avec eux le plus d’âmes possibles, jeunes ou
vieux. Alors, malheur aux avides de titres et de pouvoirs qui se laisseraient
capturer dans les pièges de ces diables politiques.

Carly Dollin
carlydollin@gmail.com