« Il faut donner un contenu réaliste à nos rêves » tout en faisant des projections sur le futur, affirme Mgr Yves Marie Péan, Evêque du diocèse des Gonaives.
« L’heure n’est plus au discours, il faut s’atteler à donner à manger au peuple » signale Mgr Péan
Gonaives, Cité de l’Indépendance, 1er Janvier 2018 [rezonodwes.com]-Dans une homélie-fleuve n’ayant laissé place à aucun applaudissement, l’Évêque du Diocèse des Gonaives, Mgr Yves Marie Péan a dressé un sombre tableau de la situation socio-politico économique d’Haïti, lors d’une célébration eucharistique commémorant les 214 années de l’Indépendance du pays.
En présence du président de la République, Jovenel Moise, du Premier-ministre Jack Guy Lafontant, du Sénateur Youri Latortue, des membres du Corps Diplomatique et Consulaire et plusieurs autres personnalités importantes de l’Etat haïtien, Mgr. Péan a fustigé notre comportement durant ces 214 ans d’existence du pays. « Qu’en avions-nous donc fait« , une question que beaucoup de la société civile ne cessent de se poser au regard de l’état lamentable des institutions du pays.
Pour l’Evêque des Gonaives dont l’homélie était également axée sur la Journée Mondiale de la Paix, le Premier Janvier devrait être pour nous tous, particulièrement les dirigeants haïtiens « une année de dialogue constructive, à la recherche de solution porteuse d’espoir pour l’avenir de notre pays« . Un avenir, selon le prélat catholique, qui est menacé par le flux migratoire de jeunes vers des pays de l’Amérique latine dont le Chili et le Brésil.
« C’est dans ce lieu même aux Gonaives où fut proclamée l’Indépendance que nous devons faire de cette date du Premier Janvier, une journée de réflexion et de méditation » a rappelé l’Evêque invitant les haïtiens à évaluer leur progrès et faire des projections pour l’avenir tout en donnant, avance-t-il, un contenu réaliste à nos rêves.
Il nous faut nous ressaisir et engager nos jeunes, a ajouté le responsable du diocèse des Gonaives officiant la commémoration du 214ème anniversaire de l’Indépendance d’Haïti. « L’heure n’est plus au discours, il faut s’atteler à donner à manger au peuple« , a déclaré Péan qui voulait être on ne peut plus clair vu la famine, selon FAO, menaçant des centaines de milliers d’ haïtiens.
Mgr. Péan qui a mis l’accent sur l’importance de la famille, a insisté sur le mariage basé à partir de l’union d’un homme et d’une femme. La famille, définit-il, est une catégorie sociale importante, à la base de la construction d’une société juste et durable. Pour le prélat gonaivien, il n’y aura aucun progrès significatif sans jouer un rôle responsable au sein d’une famille.
Le 1er janvier est l’occasion idéale, a affirmé le religieux, pour faire une évaluation de l’institution à laquelle nous appartenons. La corruption, l’un des thèmes forts de l’actualité, était citée à plusieurs reprises dans l’homélie de Mgr. Péan la qualifiant d’un « mal endémique qui ronge la société haïtienne« .
En ce sens, le chef de l’Eglise catholique dans l’Artibonite exhorte les autorités haïtiennes à agir, et en présence de Jovenel Moise, il condamne l’impunité éhontée et l’accumulation de richesses en toute impunité. Certaines personnes, précise-t-il, fait fructifier honnêtement leurs avoirs, mais quant à d’autres, au détriment de l’Etat, ils accumulent leurs biens.
Mgr Péan dit regretter que les auteurs du mal sont protégés. Le prélat fait-il allusion à des proches du président Jovenel Moise dont les noms sont indexés dans le rapport Petro Caribe faisant également couler de la sueur au dos de Wilson Laleau, Jean-Max Bellerive, Laurent Lamothe et le président de la République lui-même ?
Sans revenir directement sur l’assassinat récent d’un prêtre catholique, l’Evêque des Gonaives exhorte les 3 pouvoirs de l’Etat à assurer pleinement la sécurité de la nation. Il nourrit le ferme espoir la possibilité de l’établissement en Haïti d’un état de droit solide, ainsi, insiste-il, la nation pourra regarder avec confiance son avenir.
cba