par Roudy Bernadin
Mardi 27 août 2019 ((rezonodwes.com))– Au cours de l’exercice 2018-2019, la banque centrale haïtienne a injecté près de 152 millions USD nets sur le marché pour essayer de maintenir la valeur de la gourde haïtienne. La BRH peut dire avec fierté qu’elle a réussi à empêcher le taux de change d’atteindre 100 gourdes pour un dollar. Mais pour combien de temps la banque centrale pourra-t-elle conserver ce point de rupture ?
Entre octobre
2018 et janvier 2019, le taux de change a augmenté de 3,74% par mois. Cette
croissance a culminé en janvier à un taux de 4,98% lorsque l’USDHTG s’est
négociée à 81,04 à la fin du mois. La demande pour le dollar a fortement
diminué par la suite. Cela était dû au ralentissement marqué des activités
économiques dû à la crise politique, « peyi lòk ». En outre, la BRH a
injecté 27 millions de dollars sur le marché pour protéger le pouvoir d’achat
de la gourde. La croissance du taux de change a ralenti au cours des deux mois
suivants, de 1,22% et 0,71% respectivement, contre 4,98% en janvier.
En avril,
toutefois, la croissance est revenue à 4,22% avec le retour des activités
économiques et l’effet d’intervention s’est estompé. En mai, le taux de change
a atteint une croissance record de 7,48% par rapport au mois précédent. Face à
la chute rapide de la valeur de la gourde par rapport au dollar américain, la
banque centrale haïtienne a injecté au total 80 millions USD sur le marché – 30
millions USD en avril, 10 millions USD en mai et 40 millions USD en juin.
L’intervention agressive de la BRH sur le marché avait atténué la chute de la gourde. Un effort destiné à réduire l’inflation et à maintenir le coût de la vie en Haïti selon les autorités. Depuis juin, le taux de change n’augmente que très légèrement au taux de 0,28%.
C’est une bonne
nouvelle en termes de force de la gourde par rapport au dollar, mais la
situation économique du pays reste fragile et incertaine. Certaines des raisons
sont la lenteur des activités économiques dans tout le pays, la pénurie de
carburant reste un problème persistant aux conséquences généralisées, la violence
continue de faire des ravages dans certaines zones de la capitale, Haïti
devient un lieu peu accueillant qui éloigne à la fois la diaspora haïtienne et
les touristes qui constituent une source importante de devises pour le pays.
En 2018, beaucoup
étaient inquiets et avaient prédit que l’USDHTG serait négocié à 100 d’ici la
fin de l’année. Cependant, comme le prévoyait Haïti Économie, le taux de change
n’a pas atteint 100 gourdes pour un dollar. Le taux de référence de la BRH
était de 77,19. Étant donné le taux de croissance du taux de change, ce n’est
pas avant la fin du prochain exercice que l’USDHTG sera échangé à 100 avec la
position hawkish de BRH sur le taux de change. Toutefois, si la banque centrale
est moins agressive dans son intervention sur le marché des changes, il est
possible que 100 gourdes pour un dollar se manifestent dès novembre 2019.
100 gourdes pour
un dollar peuvent constituer un point de rupture non seulement sur le plan
économique, mais surtout sur le plan politique. Malgré la faiblesse de
l’exécutif, le président haïtien a survécu aux coups politiques les plus durs
qui lui ont été infligés en raison du manque de confiance dans les secteurs
pour faire un meilleur travail.
Depuis le début de la crise, le pouvoir exécutif joue à la défense. Au fur et à mesure que le pays s’enfonce dans le chaos, de nombreux membres de la population commencent à s’inquiéter de voir toutes les parties impliquées dans ce bourbier, y compris l’opposition et le parlement, qui doivent jouer leur rôle de défense pour être perçus comme faisant partie du problème.
On craint donc de plus en plus qu’ils ne constituent peut-être pas une alternative viable au régime actuel en raison de leur attitude égoïste et de l’absence de préoccupation pour les conditions de vie de la population. Toutefois, si le taux de change atteint 100 gourdes pour un dollar avant que l’exécutif ne prenne effectivement le contrôle du malaise politique, cela jouera entre les mains de l’opposition car ce peut être le cri de ralliement qui peut tout faire exploser.
Roudy Bernadin, économiste
PDG et fondateur d’Haïti Économie
roudybernadin@haitieconomie.com